mardi, septembre 17

[Ce soir...] Moules chorizo, oignon rouge, persil, ail et vin blanc

 « En ce jour solennel et sous une pluie battante qui corrode les couronnes et taquine les képis, la cité du Doudou est heureuse d'accueillir les sérénissimes et majestueuses majestés royales P. & M... » (Limitation de caractères oblige.)

Effectivement, ça tombe : des cordes, des hallebardes, des chats et des chiens et des mini drapeaux à gogo... Enfin, ceci n'est que présomption. Votre serviteur, bien planqué derrière ses petits murs, suppute, suggère, imagine, divague, déconne, comme assez souvent d'ailleurs...

D'abord, il y a les acteurs indirects et vraisemblablement surpris par l'événement qui, pour cause de risette à sang bleu et de poignées de main sympathico-expéditives surnuméraires, resteront bloqués en périphérie de la ville, pensifs ou en pétard, au volant de la voiture familiale encore toute pleine à 9h30 en milieu de semaine, alors que les petits doivent se faire tout pimpants pour l'événement et que papa et maman, bien que plus ou moins respectueux des souverains, se rongent déjà les ongles jusqu'à la troisième phalange en songeant aux dossiers à finaliser pour avant-hier qui devront encore patienter quelques heures supplémentaires au moins...

Viennent ensuite les services d'ordre, mobilisés, stressés et conditionnés pour l'occasion ; sortez une banane de la poche intérieure de votre veste (ben quoi ?) et vous vous retrouverez par terre avant d'avoir eu le temps de dire « merde, ma banane ! » (Et ça tache la banane, surtout bien mûre...). Un tel déploiement de force, tout ça pour quelque tireur d'élite hypothétique qui aura pris soin de se déguiser en mémé rose et friable, celle-là même qu'on ne fouille jamais ; ou pour relever une poignée de jeunes gens culotte-courte-et-raie-au-milieu (celle qui ne l'est pas systématiquement, je vous en prie...) tombés subitement en pâmoison, après que l'une des majestés a tenté de s'aventurer sur un bafouillis d'échauffement hasardeux.

J'arrêterai là l'énumération des composantes de ce petit monde dont je ne fus pas et qui n'a peut-être même pas été tel que je l'ai envisagé ; quelle drôle d'idée d'ailleurs... Non, moi j'ai fait honneur... à mon plat. Après, on peut camoufler tout ça en hommage bien rangé et respectueux ; le mollusque en question étant, en quelque sorte, un emblème national à part entière... Patatras, voilà que je transgresse, que je blasphème encore, même dans mes tentatives de faux hommage... Oui, je l'avoue, à cette institution belgissime, j'y ai mis une touche hispanique... Que celui qui ne l'a jamais fait, même au niveau le plus élevé de notre charmante patrie, me jette la première dotation !

Voilà donc mon crime, même si je tiens à affirmer d'emblée que les animaux utilisés pour cette recette ont été correctement traités : une découpe fine et régulière des acolytes classiques du bivalve : céleri branche, carottes ; ainsi que des outsiders en vedette : l'oignon rouge (en partie haché pour la préparation et en partie tranché en fines rondelles à ajouter en fin de cuisson), le chorizo (en petits dès pour la préparation et en fins bâtonnets pour la déco), le persil frisé haché et l'ail juste écrasé afin que les sucs ne s'égarent pas sur la lame du couteau.

 
                     


Et puis ça va très vite, comme toujours : les légumes (carotte, céleri, oignon) et le chorizo sont sautés à feu moyen puis déglacés au vin blanc ; après une montée en puissance du feu (vif à très vif), les moules font leur « joyeuse entrée » dans la casserole pour cinq à six minutes de cuisson seulement. Quelques remuages plus tard, on ajoute les rondelles d'oignon et le chorizo en bâtonnets et puis, juste avant le service, le persil haché.

            

Tout ça se dévore seul (afin que personne ne puisse vous scruter dédaigneusement tandis que vous vous régalez à la dégustation frénétique de la succulente garniture et du jus bien relevé) ou en bonne compagnie... de frites, pourquoi pas, même si, vu la présence du chorizo, je verrais plutôt une pomme sautée croustillante épicée, ou une frite au paprika, soyons désinvoltes ! (Une, deux... fois ne sont pas coutume.)

Et pour ficeler le bec des stigmatiseurs et censeurs qui me verraient erronément dégommeur de tête couronnée, je citerai la phrase pleine d'un bon sens bien dosé d'un certain écrivain également issu du plat pays du grand Jacques :

Étant né belge sans raison, je n'ai aucune raison de cesser de l'être.
Georges Simeon

            

À vous de goûter !

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