Imaginez : une association de deux pommes de terre (assez différentes de par leur couleur et texture respectives) cuites ensemble à l'eau salée jusqu'à ce que la chair abdique docilement et accepte de glisser au travers des alvéoles de votre presse-purée ; pour homogénéiser l'ensemble et y ajouter de l'onctuosité sans toutefois risquer d'affaisser ni de liquéfier la purée, une belle cuillère à soupe de fromage frais de type Saint-Moret sera bien plus indiquée qu'une louchette de lait, bien trop peu discipliné pour le compte (réservez-le pour vos grosses purées familiales pour lesquelles le centilitre de trop ne fera pas tâche d'huile...), sans compter que ledit fromage ajoutera aux pommes de terre un léger arrière-goût amer qui éliminera définitivement toute sensation de lourdeur dont les patates ont souvent du mal à se défaire. Au besoin (et pour ne pas non plus surcharger la préparation de fromage), vous équilibrerez avec quelques copeaux de beurre, lequel reste le copain par excellence du tubercule.
Bien, poursuivons : considérez une belle courgette ; après en avoir ôté les graines (surtout si elle est de bonne taille), vous la coupez en cubes d'environ 1 à 1,5 cm d’arête. Ça frémit déjà dans un poêlon ; il s'agit d'huile d'olive désormais à température sur laquelle vous pouvez poser vos morceaux de courgette en les remuant régulièrement. Quand la chair commencera à colorer et à s'attendrir, pourquoi ne pas y ajouter une échalote émincée et une petite poignée de persil frais haché ? Vous l'aviez en tête ? Parfait. N'oubliez pas d'assaisonner à votre goût.
Terminons notre petite expérience : voyez votre main verser de la crème liquide dans un poêlon ; cette même main aura tôt fait de découper quelques lamelles d'un chorizo que vous aurez prévu pour l'occasion (ou qui trainera misérablement dans le fond de votre frigo...) et de les plonger dans la crème avec quelques graines de coriandre. Température faisant, les éléments solides s'infuseront dans la crème et y libéreront toute leur puissance. Pendant ce temps, vous avez excellemment pensé à poêler un filet de saumon sans ajouter de matière grasse, pas trop longtemps, jusqu'à ce que la chair commence à se détacher. Au dernier moment, vous filtrerez la crème avant de lui donner quelques coups de mixer-plongeur pour l'émulsionner.
Ce plat, vous l'avez maintenant sur le bout des yeux, des lèvres, des papilles... Il ne vous reste plus qu'à passer à la pratique. Et n'oubliez pas que tout est possible : surtout le goût.
Et d'ailleurs...
À vous de goûter !