jeudi, novembre 21

[Je tente donc je mange] Chicon braisé au café et Rapadura



Chers mangeurs, vous ne le savez que trop : la téléréalité a envahi nos marmites. Désormais, la moindre petite omelette pantouflarde du dimanche soir se confronte irrémédiablement au numéro 3 de la saison 7 de Machin-chouette Chef. 

La ménagère tremble sur ses bases (image peu élégante, je vous l'accorde), et flirte avec le nervous breakdown peu télégénique si elle échoue face à l'impératif inexorable et sociétal de notre décennie : conclure sa blanquette en l'espace de trente minutes top chrono.

Je sais que je me répète, mais la gastroréalité, c'est avant tout un sport extrême pour celui qui la subit. On est matraqué, submergé par tout et surtout par rien. Des ébauches brisées dans l’œuf, des tentatives flambées net... Trois heures pendant lesquelles on mange son pain noir sans en avoir pour sa faim. 

Or, il est quelque exception fortuite, à la frontière du hasard et d'une procrastination pâteuse qui vous a incité au zappage décervelé frénétique à défaut de toute autre activité digne d'intérêt. Et vous tombez sur une idée originale qui titille vos velléités culinaires. Concrètement, il s'agit d'un chicon braisé au café, accompagnement fantasque évoqué furtivement dans l'émission Comme un chef (RTBF).

Aucune piste, aucune recette : un do-it-yourself semi-encadré ; il va s'agir d'interpréter et d'inventer. Le chicon, il se braise comme toujours : dans une matière grasse bien chaude après avoir ôté le cœur amer en l'extrayant par le pied à l'aide d'un couteau pointu, ainsi que les premières feuilles. Par ailleurs, comme tout est bon dans le chicon, les feuilles délaissées peuvent être conservées pour un modeste potage qui réchauffe les petits corps en proie aux premiers froids. Une fois bien attendri et après l'avoir (re)mouillé, on ajoutera une cuillère à café de café (répétition irrémédiable...) moulu et deux de Rapadura (sucre brun non raffiné à la saveur de caramel et riche en sels minéraux). Il s'agira maintenant de couvrir la poêle/casserole afin de cuire le chicon à cœur. La fin de cuisson se fera à découvert afin de laisser le jus réduire au maximum pour qu'il puisse napper le chicon. Une pincée de fleur de sel créera un contraste surprenant.

Sans se faire de bile, on accompagnera notre légume excentrique d'une bonne tranche de foie de veau aux échalotes et au vin blanc ainsi que de quelques choux de Bruxelles vapeur. Les perspicassiettes d'entre vous auront vraisemblablement remarqué l'absence de féculents dans cette assiette. On ne peut rien vous cacher ! Cet oubli volontaire, très chers, je l'ai commis dans votre intérêt. Il ne m'a, en effet, pas paru nécessaire d'évoquer le restant de stoemp de poireau qui a eu gagné mon assiette une fois la photo dans la boîte et que je me suis empressé de dévorer avidement. Mais chut ! Que ceci reste entre nous.

À vous de goûter !

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