J'ai pas peur de l'avouer, j'avais
quarante ans passés, eh bien, le jour de la mort de Brassens, j'ai pleuré comme
un môme. J'ai vraiment pas honte de le
dire. Alors que - c'est curieux - mais, le jour de la mort de Tino Rossi, j'ai
repris deux fois des moules.
Laissons là toute considération et
appréciation humaine ou musicale, bien que je perçoive parfaitement l’essence
de ce mot d’esprit lucidement émis par un Desproges en pleine forme sardonique.
Concentrons-nous sur ces petits
mollusques bivalves à la coquille sombre et bombée dont l’appréciation semble
aujourd’hui tantôt freinée tantôt idiotement gonflée par une augmentation des
prix qui, il est bien de le rappeler, est loin d’être proportionnelle à la
supériorité hypothétique actuelle desdites moules en termes de qualité. Une
moule est une moule. Bien entendu, il y a moins de sable, les bêtes sont
calibrées, lustrées, rangées, parées, bercées… Dans trente ans, une technologie
dernier cri permettra vraisemblablement de rendre la coquille comestible ;
ne riez pas, nous en reparlerons !
Pour un kilo
de moules Jumbo (45 à 53 pièces) de bonne qualité, vous paierez environ cinq
euros chez Carrefour, soit le prix d’un filet de cabillaud d’environ 250
grammes. Sur ce kilo, de 60 à 70 % seront constitués de coquilles et
finiront donc à la poubelle. Cabillaud ou moules : même prix pour un même
poids.
Mais arrêtons là les comparaisons
mathématiques qui n’ont rien à faire dans une cuisine. Les moules cuites
simplement dans leur jus gonflé d’un bon verre de Touraine blanc, avec céleri
vert, carottes, oignons et ail… ça vaut tous les filets de cabillaud du monde !
Ajoutez à cela une portion de frites et une mayonnaise citronnée « trop »
(volontairement) moutardée, et vous voilà au sommet du cœur du summum de la
gastronomie en mer du Nord.
Or, tous les bons appétits ont une fin
(une fois la faim estompée [parlons peu, parlons belge]). Malheur !
De pauvres petits mollusques sans défense laissent poindre leurs plus belles
stries au-delà d’un jus qui refroidit. Mais que vont-elles devenir ?
À cette question, je vous le dis, il y
a une réponse ! Si nous sommes sur la même longueur d’onde, vous aurez pris
soin d’ôter l’une des valves de chaque moule (de préférence celle à laquelle la
chair n’est pas accrochée) et de les réserver au frais dans un plat filmé, une fois (encore ?!) le repas terminé. Bien
joué ! On tient le bon bout !
Au reste, analysez le contenu de vos
placards… Il doit bien y avoir une boîte de riz complet, une conserve de thon
et un bocal de petits pois ? C’est le cas ? Merveilleux ! La
tomate dont vous ne savez que faire, le poivron qui flétrit, la carotte qui
ramollit et la courgette entamée, vous les extirpez tout de go de votre frigo, manu militari s’il le faut ! Après,
safran, ail, oignons, piment moulu, sel, poivre... je suis persuadé que vous y
êtes.
Cuisez le riz normalement, mais veillez
à stopper la cuisson au moins cinq minutes avant terme. Dans une grande poêle
(ou mieux : un wok) et un trait d’huile d’olive, faites suer un ou deux
oignons (un rouge, un blanc ?) émincé, auxquels vous ajoutez deux gousses
d’ail écrasées et hachées. Ensuite, après les avoir épluchés/ mondés, ajoutez
carotte, poivron, courgette et tomate coupés en dés. Faites sauter le tout et
ajoutez une capsule de safran en poudre et un peu de piment.
Quand l’ensemble a
joliment jauni, incorporez le thon, salez et poivrez. Quand les légumes
deviennent tendres, ajoutez le riz ; laissez cuire de cinq à dix minutes
(selon la texture du riz). Cinq minutes avant de servir, ponctuez l’ensemble de
vos délicats mollusques sortis une dizaine de minutes auparavant du réfrigérateur.
Et voilà une vraie fausse paella dont s’ébaubira
tout gourmand armé d’une fourchette… sauf les censeurs, ça va de soi.
À vous de goûter
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