samedi, février 2

[Ce soir...] Bœuf miroton



« Un pot-au-feu ne meurt jamais. » Certes, il pourrait s’agit là du pastiche à moitié raté du titre d’une aventure d’un célèbre agent secret britannique ; mais nous ne sommes pas dans le même spectacle, dans le même étalage, dans la même… magnétisation.  Aussi, ce proverbe tout juste bricolé se veut souligner le traumatisme positif systématique provoqué par l’abondance des fumets et saveurs, ainsi que par la longévité opiniâtre et bienveillante de ce beau plat unique, lequel ne se laisse pas gober tout entier dès le premier service (non mais !).

Vous connaissez certainement la petite série de plats classiques dérivés du pot-au-feu : LE pot-au-feu proprement dit (sur un plateau, les morceaux de viande trônent au cœur d’une ribambelle de légumes, avec éventuellement une belle sauce ravigote pour sublimer le tout), le bouillon (à boire bien chaud le soir, avec pourquoi pas quelques légumes en rab), le vol-au-vent (préparé avec le bouillon et des morceaux de volaille, lorsque le pot-au-feu initial en contient) et éventuellement une salade froide de viande de bœuf bouillie pour tâcher de récupérer ce beau produit.

Moi, je dis : halte au dépit, au pis-aller, à la solution par défaut… Trop de personnes ont tendance à oublier un autre classique des classiques (d’ailleurs tellement classique qu’il est passé aux oubliettes…), savoureux  dont la préparation est infiniment enfantine et qui permet de rendre grâce à cette charmante viande rouge restée sur le carreau… J’ai nommé : le bœuf miroton ! Gourmand, parfumé, canaille… voilà l’apothéose, le point final idéal de la saga pot-au-feu…

  
J’ai dit enfantin ? Voyez vous-même : une portion de viande de bœuf bouillie, quelques morceaux de carottes rescapés du bouillon, un oignon émincé, un bol de bouillon issu tout droit du pot-au-feu, une conserve de chair de tomates, un verre de vin blanc (un Touraine, pour ma part), quelques petits cornichons au vinaigre, un petit bol de farine (blé ou maïs), deux cuillères à soupe d’estragon haché (une envie personnelle), du sel, du poivre…

Rien de bien sorcier à dénicher, en somme, et la préparation du plat est à l’image de la simplicité de ses constituants… Quelques découpes (les oignons, les cornichons et les carottes seront émincés) et puis un assemblage relativement basique (les oignons revenus dans un peu de matière grasse seront saupoudrés de farine avant que les liquides – vin blanc et bouillon – viennent donner le départ officiel du montage de la belle substance savoureuse ; tomates, carottes et cornichons viendront alors conclure cette belle histoire) vous garantiront une sauce relevée et nappante à souhait, laquelle viendra enrober vos lamelles de bœuf déjà alignées dans un plat. Vous êtes maintenant à deux doigts du festin, du climax œsophagien… Une dizaine de minutes dans un four préchauffé à 180° amèneront le miroton aux bouillonnements synonymes de faim imminente. Riz, pommes de terre vapeur, frites, pain… tout accompagnement vous paraîtra superflu, mais ne perdez pas de vue qu’il s’agira d’autant d’outils précieux qui vous permettront de ne pas perdre une goutte de votre louche de bonheur.

Naturellement, puisqu’il y a pratiquement autant de recettes de miroton que d’amateurs de miroton, pourquoi ne pas, vous-même, jouer la carte de l’audace et ajouter votre patte, votre grain de folie (et non votre patte folle...) pour rendre un hommage personnel à la belle tradition. Sans toucher aux élémentaires et indispensables,  j’ai, pour ma part, eu envie d’ajouter de l’estragon haché à la sauce et du piment d’Espelette juste avant le passage au four… Bien, c’est à vous de jouer maintenant, alors…

À vous de goûter !



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