« Un pot-au-feu ne meurt jamais. » Certes, il
pourrait s’agit là du pastiche à moitié raté du titre d’une aventure d’un
célèbre agent secret britannique ; mais nous ne sommes pas dans le même
spectacle, dans le même étalage, dans la même… magnétisation. Aussi, ce proverbe tout juste bricolé se veut
souligner le traumatisme positif systématique provoqué par l’abondance des
fumets et saveurs, ainsi que par la longévité opiniâtre et bienveillante de ce
beau plat unique, lequel ne se laisse pas gober tout entier dès le premier
service (non mais !).
Vous connaissez certainement la petite série de plats
classiques dérivés du pot-au-feu : LE pot-au-feu proprement dit (sur un
plateau, les morceaux de viande trônent au cœur d’une ribambelle de légumes,
avec éventuellement une belle sauce ravigote pour sublimer le tout), le
bouillon (à boire bien chaud le soir, avec pourquoi pas quelques légumes en
rab), le vol-au-vent (préparé avec le bouillon et des morceaux de volaille,
lorsque le pot-au-feu initial en contient) et éventuellement une salade froide
de viande de bœuf bouillie pour tâcher de récupérer ce beau produit.
Moi, je dis : halte au dépit, au pis-aller, à la
solution par défaut… Trop de personnes ont tendance à oublier un autre
classique des classiques (d’ailleurs tellement classique qu’il est passé aux
oubliettes…), savoureux dont la
préparation est infiniment enfantine et qui permet de rendre grâce à cette
charmante viande rouge restée sur le carreau… J’ai nommé : le bœuf miroton !
Gourmand, parfumé, canaille… voilà l’apothéose, le point final idéal de la saga
pot-au-feu…
J’ai dit enfantin ? Voyez vous-même : une portion
de viande de bœuf bouillie, quelques morceaux de carottes rescapés du bouillon,
un oignon émincé, un bol de bouillon issu tout droit du pot-au-feu, une
conserve de chair de tomates, un verre de vin blanc (un Touraine, pour ma part),
quelques petits cornichons au vinaigre, un petit bol de farine (blé ou maïs), deux
cuillères à soupe d’estragon haché (une envie personnelle), du sel, du poivre…
Rien de bien sorcier à dénicher, en somme, et la préparation
du plat est à l’image de la simplicité de ses constituants… Quelques découpes
(les oignons, les cornichons et les carottes seront émincés) et puis un
assemblage relativement basique (les oignons revenus dans un peu de matière
grasse seront saupoudrés de farine avant que les liquides – vin blanc et
bouillon – viennent donner le départ officiel du montage de la belle substance
savoureuse ; tomates, carottes et cornichons viendront alors conclure
cette belle histoire) vous garantiront une sauce relevée et nappante à souhait,
laquelle viendra enrober vos lamelles de bœuf déjà alignées dans un plat. Vous
êtes maintenant à deux doigts du festin, du climax œsophagien… Une dizaine de
minutes dans un four préchauffé à 180° amèneront le miroton aux bouillonnements
synonymes de faim imminente. Riz, pommes de terre vapeur, frites, pain… tout
accompagnement vous paraîtra superflu, mais ne perdez pas de vue qu’il s’agira
d’autant d’outils précieux qui vous permettront de ne pas perdre une goutte de
votre louche de bonheur.
Naturellement, puisqu’il y a pratiquement autant de recettes
de miroton que d’amateurs de miroton, pourquoi ne pas, vous-même, jouer la
carte de l’audace et ajouter votre patte, votre grain de folie (et non votre patte
folle...) pour rendre un hommage personnel à la belle tradition. Sans toucher aux
élémentaires et indispensables, j’ai,
pour ma part, eu envie d’ajouter de l’estragon haché à la sauce et du piment d’Espelette
juste avant le passage au four… Bien, c’est à vous de jouer maintenant, alors…
À vous de goûter !
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