jeudi, décembre 27

[Ce soir...] Dos de lieu sur potée de légumes

Quittons résolument l'ambiance des fêtes l'espace d'un repas ; un peu de dépaysement ne nous fera pas de mal, bien au contraire. Replongeons-nous dans la réalité : l'hiver, son vent, son froid, sa pluie... Toutes ces réjouissances ne sont pas encore sur le point de nous quitter, vous le savez aussi bien que moi... 

Qui dit hiver, dit potée, potée au chou, potée aux carottes... Et avec tout ça, on vous annonce quoi ? De la viande, pardi ! Généralement du porc, souvent de la belle cochonnaille, aussi grasse que savoureuse et réconfortante... Or, si l'on fait parfois l'effort de varier un peu, notamment avec du bœuf (à peine moins gras...), on en revient finalement toujours aux mêmes formules... 

Quant aux amateurs de poisson, ils se verront bien vite tourner en rond dans leur bocal devant le peu de choix d'accompagnements disponibles en cette saison ; car si une fondue de chicon, une poêlée de chou blanc ou une tombée de poireau d'hiver plairont une à deux fois sur la saison, l'éternelle composition poisson-patates-légumes aura tôt fait de lasser même les moins fines bouches...

Et si vous cassiez les codes ? Si vous faisiez du poisson le plus que digne remplaçant de votre habituelle saucisse de Morteau ou de ce rôti blanchâtre que vous ne mastiquez plus que par routine cafardeuse... N'ayons pas peur des rencontres improbables ! Sans nous soucier de la source de protéine utilisée, préparons une potée savoureuse, tout ce qu'il y a de plus traditionnel : quelques rondelles de carotte revenues dans un peu d'huile d'olive au fond d'une cocotte avec un panais coupés en gros cubes, un oignon blanc tranchés en rondelles, du thym et puis un bon demi litre de votre bouillon de volaille maison ; pendant que le tout cuit à couvert, faisons sauter à cru quelques dés de pommes de terre fermes que l'on ajoutera après coloration dans la cocotte à mi-cuisson des carottes ; au dernier moment, nous verserons quelques tasses de petits pois surgelés et assaisonnerons généreusement avant de refermer la cocotte et de poursuivre la cuisson pendant un petit quart d'heure. 

Dès que les légumes semblent pratiquement cuits (tâtez, piquez, goûtez...), nous ajouterons par-dessus les morceaux de dos de lieu (ou d'un autre poisson blanc de votre choix ; le principal étant de choisir des morceaux assez épais afin d'éviter toute surcuisson et de pouvoir répartir convenablement le poisson sur la surface disponible). Après avoir retourné le poisson, une pincée de fleur de sel et quelques tours de moulin de poivre noir viendront ponctuer une potée inédite et tout à fait roborative !



À vous de goûter !

[Ce soir...] Cailles farcies, jus au vin blanc et au sirop d'érable

 
C'est bon ? Vos estomacs ont retrouvé forme humaine ? Nous pouvons reprendre ?

Bien, nous voici donc arrivés à cette curieuse période charnière où les libations de Noël ne sont pas encore tout à fait de l'histoire ancienne et où les excès de la Saint-Sylvestre naissent déjà dans nos mémoires anticipativement vaseuses et embrumées...

À l'ombre des chichis, paillettes et tralalas, je vous propose quelque chose de gourmand et de traditionnel, à des années lumières des tentatives graphiques (souvent exagérées et/ou ridicules) que l'on voit curieusement naître et mourir sur à peine deux semaines de temps. Petite reine (ou reinette) des tables de fête, la caille a la réputation de se laisser accommoder de dizaines de manières différentes... Mais ne nous éparpillons pas, ne tergiversons pas, choisissons la formule millénaire : la caille farcie. Pour la farce proprement dite, aucune surprise : une base de viande hachée (porc et veau, porc et bœuf, éventuellement pur porc), quelques restes potables du dernier réveillon (magret fumé, boudin blanc classique), une herbe (faute de fortes gelées, le romarin de votre jardin doit, en principe, avoir conservé ses feuilles), et quelques épices (sel, poivre, paprika, noix de muscade, voire cannelle, si vous aimez) ; le tout sera mélangé, amalgamé et introduit sans ménagement dans chaque volaille. S'il vous semble que vos cailles sont proches de l'implosion ou du rejet de farce, voici deux petits conseils : si ça n'a pas déjà été fait, découpez le cou de chaque pièce à l'aide d'une paire de ciseaux (cela aura pour effet de détendre quelque peu la peau à cet endroit et de libérer de l'espace à l'intérieur) ; pour que la volaille ne laisse rien échapper, ficelez ensemble ses pattes arrière en les croisant, vous les libérerez avant de servir.

Quant à la cuisson, toutes les écoles ont leur méthode. La mienne se concentre exclusivement sur le goût : dans une poêle et un peu de matière grasse (Mycryo ?), faites dorer les cailles sur chaque face et assaisonnez-les ; déposez-les dans une cocotte. Dans la poêle encore chaude, faites suer un oignon blanc émincé avant de déglacer au vin blanc sec (un fond de viognier du dernier réveillon ; rien ne se perd !) ; laissez réduire, puis ajoutez une bonne dose de sirop d'érable, salez et poivrez généreusement. Une fois la sauce homogène et sirupeuse, la verser sur les cailles ; placez la cocotte fermée dans un four préchauffé à 150° pendant une petite heure. À mi-cuisson, vérifiez la quantité de jus ; au besoin, ajoutez un peu de vin blanc sec.

Une fois vos cailles à point, servez-les sans trop de manière avec quelques bonnes croquettes de pomme de terre maison et un ou deux fagotins de haricots verts au lard... Voilà une manière parmi d'autres de souffler tout en continuant de vous régaler.


Alors, bonne chance pour la suite et...

À vous de goûter !

mercredi, décembre 19

[Préambule] Toast de panais et rillettes de chorizo

Cinquantième article ! Pour marquer le coup, soyons fous : créons une nouvelle rubrique. À l'aube de ces folles festivités que sont apocalypse et réveillons, force est de constater que l'innovation n'est de nouveau pas au rendez-vous... En dépit des tentaculaires Masterchef, Top chef et autres blockbusters de la poêle à frire (qui finalement ne servent pas à grand-chose), nombreux seront les marathoniens du foie gras bien lisse, bien cerclé, identiquement et uniformément entassé dans ces bons vieux frigos qui se rejouent la scène chaque année et sans vraiment d'évolution. 

C'est décidé : cette année, faisons la moue à l'onéreusement terne, au géométriquement fade ! Si les amateurs de foie gras pourront toujours trouver restaurateurs et charcutiers passionnés (oui, il en reste...) qui prennent le temps de cuisiner et d'épicer eux-mêmes leur produit noble, il reste aux autres une véritable corne d'abondance de produits de saison à assembler, la plupart d'entre eux ne coûtant pratiquement rien...

Vous riez ? Vous me pensez aussi timbré que le guilleret survivaliste du coin ? Qu'à cela ne tienne, prenons un exemple plus ou moins éloquent : depuis début novembre, votre marchand vous vend sans aucun faste ce tubercule blanchâtre que vous n'imagineriez pas une seconde voir trôner sur votre charmant chemin de table aux incongrus reflets pourprés... Détrompez-vous ! Vous avez là un support en or pour pas un rond ! Exit toasts carrés surcroustillants qui miettent-miettent partout et qui craqueraient net sous le poids des éléments surnuméraires entrant dans leur composition...

Or, une surface aussi typée qu'un toast de panais ne doit pas être reléguée bêtement au rang des supports sur lesquels on vient ranger tout et n'importe quoi (du fromage frais au foie gras en passant par un pâté curieux en provenance directe de la barquette). Plusieurs garnitures spécifiques pourraient venir contraster parfaitement avec la douceur moelleuse et très parfumée d'une fine (0,5 cm) tranche de panais sautée à l'huile d'olive : chèvre poivré, foie de morue...

Pour ma part, j'ai souhaité tenter une association risquée, mais qui, finalement, s'est révélée plutôt symbiotique. « Rillettes de chorizo »... Le nom épaterait ; et pourtant ! Le tour de main est à peine plus complexe que l'ouverture d'une boîte de conserve : quelques morceaux grossiers de la piquante espagnole (choisissez-la bien naturelle), une ou deux cuillères de fromage blanc, un maigre nuage de coulis de tomate, un bon coup de mixer pour harmoniser le plus possible l'assaisonnement et les textures... Une pincée de persil haché... Un point c'est tout !



Maintenant, libre à vous de crâner en vous montrant essoufflé d'avoir préparé ce préambule original soi-disant compliqué. Et puis, si cochonnailles et autres bouchées roboratives s'en suivent, pourquoi ne pas ouvrir un bon Morgon, entre deux rangées de bulles (qui sont de saison, parait-il...)

À vous de goûter !

samedi, décembre 15

[Ce soir...] Hamburger garni sauce Giant et frites maison





Béni soit ce hamburger maison, lequel me permet de faire le point sur quelques notions gastronomiques élémentaires. Car, non, fast-food ou snack ne sont pas systématiquement synonymes de facilité, tant s'en faut ! D'aucuns semblent bien souvent ignorer certains paramètres indispensables liés notamment à la confection de frites dignes de ce nom.

En premier lieu, il ne s'agit pas de choisir n'importe quelle sorte de pomme de terre : la bintje, la bintje et encore la bintje ; une pomme de terre farineuse qui offrira à la fois croustillance (à l'extérieur) et moelleux (à l'intérieur) ; évitez de préférence les pommes de terre très très propres et calibrées que l'on vous vendra à tort ou à raison sous le nom de « Pommes de terre spéciales frites », sans même en mentionner une seule fois le nom exact de la variété en question. 

Maintenant que vos pommes de terre sont épluchées et découpées en bâtonnets (je les aime bien trapues, pour ma part), il convient de bien les essuyer afin d'en ôter un maximum d'humidité et de garantir la bonne et rapide formation de la surface croustillante lors de la cuisson. Rappelons enfin que ce petit pêché se cuit en deux temps : un premier bain à 175° pendant cinq minutes, puis un second à 185° pendant cinq autres minutes. En fin de compte, vous obtiendrez une frite légèrement soufflée, croustillante et dorée, prête à piquer une tête dans votre mayonnaise maison. Quant à la méthode de friture, c'est à vous de voir : huile végétale (tournesol, de grâce) ou blanc de bœuf... tout cela reste une affaire de goût et de préférence.

Soyons lucides : les frites restent, quoi qu'on en dise, l'élément décisif d'un tel repas ; servez la mollesse ou la fadeur et voyez la mine déconfite de vos convives qui déjà vous rayent de la liste des parangons du gueuleton (les malotrus !)... Or, une fois le petit plaisir doré maîtrisé, il ne vous reste plus qu'à meubler à l'aide, par exemple, d'un bon hamburger garni que vous aurez pris soin de confectionner vous-même (à moins que vous ne préfériez opter pour la chimie et donc pour l'un de ces cheeseburgers succulemment compactés, profilés et rangés bien sagement côte à côte dans leur étui en plastique, écrin idoine d'innombrables molécules diverses et avariées...). Finalement, il n'est là question que d'un assemblage des plus rudimentaires : 150 grammes de viande de bœuf hachée assaisonnée de sel, de poivre et de paprika, le tout lié à l'aide d'un peu d’œuf entier (j'en utilise un pour un peu plus d'un kilo de viande) ; vous mélangez, vous compactez, vous poêlez dans un rien de matière grasse et vous voilà passé maître dans l'art du steak haché !

Petit pain rond, cornichons aigre-doux, laitue, quelques oignons poêlés... Il ne vous manque rien sinon peut-être une sauce relevée pour harmoniser l'ensemble. Inspiré par une séquence fort instructive issue de l'émission télévisée On n'est pas des pigeons (RTBF), je me suis lancé avec assez bien de satisfaction dans la confection d'une sauce Giant (celle-là même qui garni le fameux sandwich double-étage d'une célèbre enseigne belge) : un bon trait de ketchup (Heinz) dans quelques cuillères à soupe de mayonnaise maison (comptez 1/3 de ketchup pour 2/3 de mayonnaise), une petite échalote et des câpres finement hachés, deux cuillères à soupe d'estragon haché, un trait de sauce worcestershire, et... tadam ! voilà un petit condiment parfait pour votre bœuf tout juste sorti de la poêle.

Et si, par la plus grande des surprises, votre estomac venait encore à geindre d'une incongrue vacuité, ponctuez le tout d'une bonne bière blonde, laquelle donnera définitivement à ce repas sa note canaille et son caractère on ne peut plus roboratif.

À vous de goûter !

mardi, décembre 11

[Ce soir...] Crumble de choux de Bruxelles au chorizo et à la mimolette vieille




Les laitues ont disparu, les scaroles s'amenuisent... Au secours ! Les légumes verts se font la malle ! Fort heureusement, il reste quelques braves végétaux, fidèles téméraires qui n'ont pas prévu de nous lâcher d'ici le mois de mars, au moins ; j'ai nommé les brassica d'hiver.

Du chou, du chou et encore du chou, me direz-vous... J'avoue que le choix n'est pas bien vaste, mais n'est-ce pas dans la limitation que peuvent le mieux gérer les racines de la créativité ? Alors, outre vos bonnes potées de chou rouge ou blanc, vos savoureux choux verts farcis à l'auvergnate, lancez-vous, déclinez, délirez !

Ma cible du jour est l'une des plus délicates variétés de l'espèce brassica oleracera, à savoir gemmifera : communément baptisé chou de Bruxelles. Bien entendu, il est délicieux juste blanchi puis poêlé avec une petite gousse d'ail et quelques lardons sautés, mais éloignons-nous résolument du classique...

Après avoir blanchi les choux (ou les avoir cuits à la vapeur), pelez une pomme boscop et découpez-la en gros dès ; taillez un beau morceau de chorizo traditionnel en petits cubes (ôtez la peau si elle est coriace). Dans un saladier, mélangez du beurre froid et de la farine du bout des doigts afin d'en obtenir un « sable » typique du crumble (je vous laisse trancher pour les proportions ; elles dépendent de la taille de votre plat). Taillez ensuite un morceau de mimolette vieille en brunoise. Dans une poêle antiadhésive, faites revenir les dès de pommes et le chorizo à feu vif dans un filet d'huile d'olive. Déposez les choux de Bruxelles dans un plat à gratin ; versez le mélange pomme-chorizo sur les choux et mélangez l'ensemble. Recouvrez le tout de « sable » à la mimolette et enfournez le plat à 200° pendant un bon quart d'heure.

Une autre forme, de nouvelles textures, une association sucré-salé-épicé susceptible de déconcerter ou de convaincre... Je laisse tout ça entre vos mains, en espérant que vous travestirez et améliorerez cette composition un peu prototypique.

À vous de goûter !

dimanche, décembre 2

[Intermezzo] Mousse légère de carotte et fragments de spéculoos

De fil en aiguille... vous obtenez un pull. De même, d'un biscuit peut émerger bon nombre d'idées et associations. Celle-ci ne vous paraîtra peut-être pas la meilleure ni même la pire (ce que j'espère tout de même un petit peu) ; elle m'est cependant venue en un éclair (celui du ciel, celui sans crème ni calories) comme tombée du ciel (vous voyez bien !) et sans crier gare (oui, mes métaphores vont bon train aujourd'hui...).

Oh, bien entendu, le chocolat aurait été la voie royale (statistiques de satisfaction : 100 %) ; mais il aurait, en l'occurrence, trop bien mené la danse, si bien que le biscuit maison aurait fait plus que pâle figure sur l'ensemble... Les fruits ? Certes, mais à moins d'opter pour des produits hors saison (vade retro Satanas !), les choix possibles sont assez limités ; car, outre les pommes et les poires, ne restent que les agrumes (trop acides) et les fruits exotiques (trop typés : on retombe dans le problème de dominance qu'aurait engendré le choix du chocolat).

Ni chocolat, ni fruits... Que reste-t-il donc comme produit susceptible d'entrer dans la composition d'une mignardise et de s'accommoder avec le spéculoos ? Après avoir initialement envisagé le potimarron, je me suis quasi instinctivement dirigé vers la carotte (plus tonique, plus sucrée)... Mais comment, diable, la transformer ? Une crème brulée ? Mouais... En réfléchissant à toutes les variantes que j'ai eu l'occasion de goûter jusqu'à présent, il n'y a que la recette traditionnelle qui laisse dans ma matière grise (la portion exclusivement affectée aux plaisirs de bouche) un souvenir impérissable. Une tarte ? Trop lourd, trop commun, et puis non... Un crumble ? Même si l'idée n'était pas mauvaise à la base, j'aurais eu l'impression d'une redite par rapport à mes précédents desserts.



Une mousse, bien entendu ! Léger (si possible), frais et portionnable... Il convenait, dès lors, d'obtenir une substance similaire en texture et en consistance au mélange classique chocolat fondu-beurre-jaune d’œuf de la mousse la plus célèbre au monde... Selon les quantités souhaitées, il est possible de s'en approcher à force de traits d'huile d'olive et de jaunes d’œuf. Voici les proportions pour trois verrines de taille moyenne (comme sur la photo) :

- Une grosse carotte (200 grammes)
- 3 œufs
- Un bon trait d'huile d'olive (à voir selon la cuisson des carottes)
- une cuillère à soupe de sucre brun

De nouveau, la préparation vous prendra moins de temps que le rassemblement des ingrédients nécessaires (et je n'exagère qu'à peine !). Après avoir cuit à la vapeur les carottes découpées en rondelles pas trop épaisses, déposez-les dans un récipient étroit et haut, ajoutez un peu d'huile d'olive et mixez au mixeur-plongeur ; ajoutez de l'huile pour liquéfier et harmoniser l'ensemble, puis mixez de nouveau jusqu'à obtenir un coulis épais ; ajoutez le sucre brun et réservez. Pendant que la préparation à la carotte refroidit, clarifiez les œufs, en déposant les jaunes dans une tasse et les blancs dans un autre récipient haut et étroit ; ajoutez leur une pincée de sel et montez ces derniers en neige. Une fois le mélange carotte-huile d'olive-sucre refroidi, ajoutez les jaunes d’œuf et mélangez ; déposez alors les blancs en neige sur la préparation, que vous mélangerez délicatement afin d'incorporer les blancs trop les perturber. Une fois l'ensemble bien homogène, versez-le équitablement dans les verrines prévues à cet effet. Filmez chaque portion et laissez-les au frais pendant deux bonnes heures, le temps que la mousse prenne.

Bien entendu, cette petite douceur serait unijambiste - que dis-je ! - parfaitement manchote, si vous omettiez de parsemer chaque pièce de quelques fragments (pas trop, pas trop peu) de vos biscuits faits maison (s'il en reste !). Pour ma part, j'envisage d'ajouter un nuage de chantilly parfumée à la cardamome lors de ma deuxième tentative. À suivre, donc ; mais avant tout...

À vous de goûter !

P.-S. Je vous invite à consulter l'article précédent si ma recette de spéculoos maison vous intéresse ; c'est par ici.


samedi, décembre 1

[Intermezzo] Spéculoos maison



Promis on ne le leur dira pas... Lotus et bouche cousue ! On ne vendra pas la mèche, on ne vous dénoncera pas aux autorités biscuitières. Tout ça restera entre nous...

Et puis, vous ne risquez rien, en fin de compte... Recette, forme, packaging... Vos biscuits n'auront rien de commun avec les innombrables clones du supermarché, sinon la croustillance tant souhaitée et le goût épicé, dont vous pourrez alors vous-même réguler l'intensité selon vos humeurs.

À quoi rime-t-elle donc cette sacralisation dudit biscuit ? Sont-ce les fêtes de fin d'année (période à laquelle il est le plus dégusté) qui lui confèrent une aura singulière ? Est-ce la minutie extrême des reliefs de chaque biscuit, que seule une machine bien réglée et huilée est capable de reproduire à la perfection des centaines de fois d'affilée sans même pouffer de fatigue ?

Car, en fin de compte, qu'est ce qu'un spéculoos, si ce n'est de la farine, du beurre, du sucre brun et des épices ? Soit rien de bien exotique... Bien, passons aux choses « sérieuses », voici les proportions pour une trentaine de biscuits (ne vous fiez pas à l'image : j'avais déjà mangé deux biscuits avant de prendre la photo - chacun ses petits moments de faiblesse !) :

- 125 grammes de sucre brun
- 125 grammes de beurre mou
- 175 grammes de farine
- 1 cuillère à café de mélange quatre épices (ou bien votre propre dosage de cannelle, gingembre, noix de muscade et clou de girofle moulus)
- 1 demi cuillère à café de cardamome moulue

Après avoir mélangé le sucre et les épices, ajoutez le beurre mou et continuez de mélanger jusqu'à obtenir une pâte homogène ; versez ensuite la farine, mélangez et pétrissez la pâte jusqu'à ce qu'elle ait une texture sablée lorsque vous la rompez (c'est assez difficile à expliquer par écrit ; fiez-vous à votre bonne intuition, je vous fais confiance !). Une fois que la pâte vous satisfait, façonnez-la en un rouleau de 4-5 centimètres de diamètre. Après une bonne heure au réfrigérateur, vous n'aurez aucune difficulté à découper des tranches régulières de pâte sans risquer de l'écraser ou de la tasser. S'ils ne sont pas trop épais (+- 4-5 millimètres d'épaisseur), les biscuits cuiront un petit quart d'heure à 180° au four traditionnel sur une plaque recouverte de papier sulfurisé. Veillez toutefois à ne pas disposer les biscuits crus les uns trop près des autres, car ils s'étalent légèrement à la cuisson.

Un seul petit paragraphe pour développer une recette dans son intégralité... Peut-on imaginer meilleure preuve de simplicité ? Saint-Nicolas n'a qu'à bien se tenir ; vous détenez maintenant l'arme absolue ! À vos culs de poule ! L'heure du plaisir a sonné.

À vous de goûter !


mercredi, novembre 28

[Ce soir...] Parmentier de lentilles et de porc présalé


Taxez-moi d'acharné du parmentier, de fêlé de la purée, de tout ce que vous voudrez... Après tout, pourquoi ne pas innover dans les classiques ! À mon sens, c'est bien là la meilleure façon de chercher l'originalité sans risquer de se planter royalement. 

Le principe général, vous le connaissez par cœur : une superposition de plusieurs couches dont la dernière est constituée d'une bonne purée maison (que j'ai réalisée sans beurre ni lait cette fois, avec juste un bon trait d'huile d'olive). Quant au changement, c'est en-dessous que ça se passe ; ma première idée avait été de réaliser ce parmentier en accompagnement d'une viande (en l’occurrence, des côtes de porc présalées) ; il aurait alors été question d'un parmentier végétarien constitué de purée de pommes de terre et de lentilles vertes préalablement cuites de manière traditionnelle (avec une carotte coupée en rondelles, un bouquet garni et de l'eau ou du bouillon maison). Or, il m'a semblé que cette viande, déjà succulente, gagnerait d'autant plus en intérêt gustatif si un mode de cuisson permettait d'en emprisonner les saveurs... 

Malheureusement, la cuisson d'une côtelette à l'étouffée n'offrirait qu'un piètre résultat, le feu vif étant nécessaire pour créer la fameuse petite croute qui emprisonne les sucs et permet, dès lors, de conserver la tendreté de la viande ; ainsi que pour faire fondre l'excédent de gras de la pièce... Eurêka, me dis-je ! Poêlons et... parmentions ! Eh oui ! Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?! Pour tout vous dire, cette technique peu orthodoxe m'a, en fin de compte, permis de découper la viande en gros bâtonnets et d'en éliminer le gras, d'en préserver le moelleux grâce à une cuisson lente et à l'étouffée, de parvenir à une symbiose idéale des saveurs (le porc donnant son corsé aux lentilles, les lentilles instillant sa touche boisée dans la viande). 

Et comme rien ne doit se perdre, n'oubliez pas d'utiliser les rondelles de carottes ayant servi à la cuisson des lentilles, en les répartissant, par exemple, en fine couche entre la purée et les lentilles...

Voilà encore un plat pratiquement impossible à présenter soigneusement (ou alors dans des cassolettes individuelles, mais gare à la surcuisson !), mais dont les multiples saveurs et textures vous permettront d'oublier ce défaut qui aura tôt fait de s'estomper au fil des bouchées. 

À servir avec un Rhône septentrional (un Saint-Joseph conviendra très bien) ; il faudra bien au plat une Syrah qui ait du corps pour lui tenir tête !

À vous de goûter !


dimanche, novembre 25

[Intermezzo] Pomme au four à la cardamome et tuile aux graines de pavot



Qui dit dimanche dit... repas de famille !!! Et donc... pâtisserie !!! Ouais, ouais, je vous vois venir avec vos gros éclairs, vos grouillants choux à la crème et écœurantes charlottes... Le fruit avant tout, messieurs, dames ! Et il ne s'agit pas là du message d'un quelconque institut renommé et plein à ras bord de blouses blanches savantes et remuantes, dont je me ferais le vecteur docile (ni dieu, ni maître !).

Et puis, quelle banalité... Ces tartes qui quittent les comptoirs bien garnis, bien proprets, bien bardés de tarifs... Quel ennui perpétuel de débourser chaque semaine le même billet de vingt euros pour un dessert bon mais ordinaire et qui passera, de toute manière, inaperçu en fin de repas pour cause de redite...

Parlons-en tiens, de ces desserts sur pâte... De ces supports très parfaits, très nivelés, très profilés, toujours étanches, toujours homogènes, pétris par Dieu, le père (quand il se lasse de pondre des religieuses...) ou par la maison-mère, l'usine aux doigts de fée dans un gant de polymère... (Mais ne nous plaignons pas... Débourser le prix d'un kilo de bœuf premier choix pour une tarte ratée, ça, ce serait LE véritable scandale)... Et puis, par-dessus, en guise de slogans aguicheurs : ces fraises (en novembre), kiwis, poires ou un mélange des trois... Tout ça méticuleusement tranché, disposé et badigeonné d'un beau sirop de sucre des familles... Non, finalement, n'en parlons pas ; ça vaut mieux...

Les fruits, achetez-les entiers par exemple ; ça sera déjà un bon début... Choisissez-les de saison, ensuite ; vous progressez ! Et puis, faites la nique aux gâteaux, tartes et autres étouffe-convives ; bon sang, vous étonnerez ! 

Prenez des pommes... Fruit bon marché par excellence ; d'autant que les Boscop (idéales pour cette préparation) sont succulentes en ce moment. À l'aide d'un vide-pomme (ou avec une longue et bonne lame étroite), évidez chaque pomme de son trognon ; incisez les fruits horizontalement sur toute leur circonférence afin d'éviter qu'ils n'éclatent à la cuisson. Dans un bol, mélangez ces ingrédients à raison des proportions suivantes : 1/3 beurre pommade, 2/3 sucre brun et une cuillère à café de cardamome moulue (pour 6 pommes). Placez les pommes évidées dans un plat et déposez une bonne dose de la préparation sucrée au cœur de chacune d'elles (si ça coule dans le fond du plat, aucun souci ; vous profiterez de ce bon petit sirop pour arroser vos pommes à plusieurs reprises pendant la cuisson) ; si vous le souhaitez, découpez l'extrémité où se trouve le pédoncule et recouvrez chaque pomme farcie de ce couvercle de récup'. Pressez un demi jus de citron que vous verserez dans le fond du plat, saupoudrez les pommes d'un peu de sucre brun. Placez les pommes dans un four préchauffé à 180° pendant une bonne demi-heure en surveillant la cuisson de temps à autre, et c'est terminé ! Une seule préparation, une seule cuisson, peu d'ingrédients, des produits peu coûteux (hormis la cardamome, mais la quantité est dérisoire...), un dessert consistant et gourmand qui réchauffe le corps... Que demander de plus ?

Après, vous pouvez « tuner » vos pommes selon votre humeur... Si vous êtes luné(e) comme moi, vous pencherez pour une tuile aux graines de pavot. Vous faites bien, c'est assez simple ! Le jus d'une demi orange dans une fontaine sucre-farine, un peu de beurre fondu, une bonne dose de graines de pavot ; vous étalez tout ça sur une feuille de papier sulfurisé (dont vous aurez tapissé une plaque) et vous cuisez ça pendant dix bonnes minutes à 180° également (juste au-dessus des pommes, par exemple). Une fois l'appareil bien coloré, il devra reposer quelques minutes à température ambiante, sous peine de brûlures sévères de phalanges pressées et/ou gourmandes. Avec un bon couteau, vous pourrez alors découper des carrés que vous déposerez sur le manche d'une spatule (par exemple) afin d'obtenir une forme plus ou moins incurvée. Tadam ! Vos tuiles sont sèches et prêtes à orner vos pommes fondantes et parfumées.

Café, thé, chocolat chaud (au vrai chocolat, bien entendu !), jus d'orange (pressé minute), vin blanc moelleux... Je n'imagine pas une boisson qui puisse ne pas s'accorder avec ce dessert « de crise » et avant tout d'épicurien !

À vous de goûter !

vendredi, novembre 23

[Ce soir...] Roulade de veau au caviar aubergine-câpres-anchois, purée fine de Butternut et fricassée de choux de Bruxelles tomate-origan




Ah, je te vois venir, cher détracteur... « Comment un tel névrosé du produit de saison a-t-il bien pu préparer un tel plat en cette période ?! ». Rengainez donc salive et hargne, ça n'en vaut pas la peine : je plaide coupable ! À chacun ses faiblesses... Arrêtez-moi si j'ai tort : une aubergine de fin novembre ne vaut-elle pas tout de même mieux qu'une fraise de février ? Et puis... Choux de Bruxelles, Butternut... ça ne vous évoque pas un peu l'automne ?

Bien, nous dirons que j'ai voulu ratisser large pour rassembler un maximum de saveurs et de couleurs dans une composition que je vous garantis : sans gluten, sans lactose, sans porc et avec pour seule matière grasse (hormis la faible quantité que contient la viande de veau) : l'huile d'olive.

Je vois que vous retrouvez le sourire... J'aime mieux ça ! Faites-moi donc griller ces aubergines plutôt que de rêvasser ! Allez, des tranches d'un demi centimètre, un filet d'huile, un peu de grol sel ; le tout sur une plaque recouverte de papier sulfurisé pendant 15 minutes au four à 200°. Pendant ce temps, épluchez la courge Butternut après l'avoir coupée en deux (c'est plus simple), puis coupez-la en gros dès après en avoir ôté les pépins. Je vous conseille la cuisson à la vapeur (pas avec des machins-bidules à étages pas pratiques et encombrants... Non, non. Une simple marguerite à vapeur en inox et une casserole avec un fond d'eau suffiront !). En vingt bonnes minutes, la courge devrait être tendre à souhait.

Bête comme chou... Tout est dit. Même pas besoin de blanchir vos petits choux de Bruxelles ; coupés en deux, ils se laisseront braiser bien docilement dans un filet d'huile ; ajoutez un oignon rouge émincé, salez, puis versez une bonne tasse de coulis de tomate ; ajoutez origan séché, rectifiez l'assaisonnement et laissez mijoter doucement jusqu'à ce que les demi-choux commencent à s'attendrir.

C'est le moment de faire du bruit. Ah je vous vois déjà armé de votre fidèle marteau attendrisseur. Eh bien allez-y ! PAF ! PAF ! insistez bien sur les fibres sans toutefois les abîmer... PAF ! PAF ! Voilà, les escalopes s'étalent... PAF ! PAF ! Bon ça suffit, gardons un peu de consistance, tout de même... Vos aubergines (en principe déjà grillées) gisent déjà morcelées dans le bol de votre moulinette ; ajoutez-y une bonne cuillère à soupe de câpres, quelques anchois salés rincés et un filet d'huile d'olive. Hachez menu pour obtenir une pâte plus ou moins homogène dont vous tartinerez chaque escalope, avant de les rouler, de les ficeler et de les braiser dans une poêle antiadhésive.

Plus qu'une étape, avant de dresser et surtout : avant de déguster ! Le Butternut sait se faire attendre... Lorsque les cubes se laissent enfourcher comme du beurre mou, ôtez-les de la marguerite. Dans un saladier, écrasez-les sommairement au presse-purée, ajoutez du sel, un bon filet d'huile d'olive extra-vierge et quelques gouttes de Tabasco, puis mixez le tout finement au mixer-plongeur.

Quant au dressage, laissez vagabonder vos idées créatives. Je vous conseille néanmoins les olives noires dont le côté corsé et légèrement amer offre un contraste intéressant avec le Butternut assez doux. Mais je n'en dis pas plus !

À vous de goûter !


lundi, novembre 19

[Ce soir...] Poulet rôti escorté (légumes racines, petits pois, lard fumé)


Tristesse. Voilà le seul mot qui me vient à l'esprit quand je songe à cette pauvre volaille tellement consommée et tellement gâchée à la fois... La voilà tantôt confinée dans un plat minuscule qui ne lui laisse qu'à peine l'envergure d'un timide écartement crural bilatéral, tantôt perdue et insignifiante au milieu d'un récipient que même des cantines scolaires ne parviennent à remplir qu'au quart...

En outre (et ça m'outre !), comme un méfait s'avance rarement seul, les pauvres gallinacées ainsi confinées/égarées n'ont que très rarement le droit à la dernière volonté d'un assaisonnement même superficiel et classique. Non ! Rien ! Pas une feuille de sauge, ni quelques grains de poivre noir pour épauler la pauvre nature morte jusqu'au le rôtissage final.

Alors, disons sus au bafouillage de chair noble ! Disons halte à la fadeur ! Et que vos cuiseurs vapeur ultra-turbo-machin, tofu à lier et emporte-pièces kitshiformes restent bien dans vos placards... Je ne vous parle pas réinvention, graphisme, géométrie, pirouettes... j'invoque les saveurs élémentaires, les associations millénaires, rien de rien de révolutionnaire, tant s'en faut !

Un beau poulet ardennais, quelques cornes de gatte juste grattées, un gros panais et une grosse carotte coupés en rondelles (sans les éplucher ; toutes les bonnes choses se nichent dans la peau), deux belles tranches de lard fumé traditionnel coupées en gros dés, un oignon rouge en rondelles, un bol de petits pois préalablement blanchis ajoutés dix minutes avant la fin de la cuisson, quelques branches de romarin par-dessus, du sel, du poivre, un filet d'huile d'olive (ou une cuillère à soupe de graisse d'oie, comme vous préférez), et c'est parti pour une heure et quart à 180° (four traditionnel ou chaleur tournante).

Tout ce petit monde va lentement faire connaissance... Tandis que votre lard se mettra à suer et à distiller son parfum parmi les légumes mélangés avant d'atteindre la croustillance ultime, le romarin, avant de sécher et de perdre admirablement ses aiguilles parmi la foule bigarrée, laissera échapper son essence si fraîche et puissante à la fois ; et puis, apothéose parmi les apogées : après un bon quart d'heure, car elle sait se faire attendre, la volaille va commencer à rôtir lentement et à laisser filer un jus concentré qui parcourra le moindre petit interstice dans un élan osmotique et sublimant...

Bon, je m'emballe un peu... Mais je vous défie de ne pas virer poète après une grande assiette de ce plaisir rustre, imprésentable, mais addictivement chaleureux.



À vous de goûter

samedi, novembre 17

[Chimie & co] Cube de bouillon de poisson dégraissé « Finesse » Knorr



Knorr, j’abhorre ! 

Ne vous méprenez pas, je n'ai rien de particulier contre cette marque ; j'aurais pu tout aussi bien balancer un « Maggie, Maggie et vos idées sont infamies ! »...

Or, pas de bol pour la marque allemande, tentacule parmi les tentacules du géant Unilever ; c'est précisément sur une déclinaison de l'un de ses produits phare que nous allons nous pencher à présent. Ah ! Le bouillon cube ! Allié de toutes les ménagères qui se respectent depuis plus d'un siècle... Depuis sa première commercialisation en 1908, le soi-disant concentré de saveurs est présent partout : télé, radio, magazines, soit dans bien 75 % des publicités et annonces mercantiles à caractère gastronomique, sans compter que de grands chefs se prêtent parfois au jeu (lucratif) de la promotion-spectacle...

Malheureusement, si elle est vue par beaucoup comme une solution miracle permettant un gain de temps considérable, la petite portion concentrée n'est certainement pas née pour flatter cœurs et artères... Je vous laisse juger de vos propres yeux, en vous rappelant qu'il s'agit là d'un produit dit dégraissé.



Alors si, comme moi, vous trouvez absurde d'utiliser un produit dont l'ingrédient principal est censé être le poisson, alors qu'il n'en contient en tout et pour tout que 3,4 % avec un peu d'extrait de homard à la traine, ne jetez plus arêtes, nageoires et autres « déchets » lorsque vous préparez des poissons entiers ; prenez le temps et laissez infuser le tout dans un peu d'eau frémissante avec une carotte, une branche de céleri et ponctuez d'un bel assaisonnement. Ça peut paraître un peu simpliste, mais pour quelques minutes (et encore, j'exagère) et un prix équivalent, voire similaire, vous obtenez un bouillon traditionnel avec près de dix fois moins de sel, sans graisse végétale (= palme), ni maltodextrine (poudre de perlimpinpin récurrente et on ne peut plus chimique que vous retrouverez à coup sûr dans tout autre produit lyophilisé [guettez vos soupes solubles !] ; sans compter qu'un bouillon naturel se congèle très bien.

À vous de... lire !

[Ce soir...] Pita au poulet épicé

Noooooooooon... Ouf... Je vous prends sur le fait in extremis... Vous, qui dans un moment d'égarement regrettable n'auriez eu aucun remord à l'idée d'acheter cet emballage en plastique souple confinant six jolis pains pita parfaitement ronds et prêts à l'emploi... Encore n'aurais-je eu aucun intérêt à m'interposer si les poches en question n'étaient pas pétries de caractéristiques ascorbatiques ni fourbies d'Exxx (remplacez les x par les chiffres de votre choix ; vous tomberez pratiquement juste à tous les coups - il y en a tellement...).

Certes, vous devrez parcourir plusieurs rayons pour réunir farine, levure, sel, huile d'olive (bien qu'il soit très probable que vous possédiez déjà toutes ces denrées), mais n'est-il pas infiniment plus gratifiant de confectionner ces supports de vos propres petites mimines ? 

Et puis quelle facilité !... Un puits de 400 grammes de farine (sans gluten, pour ma part ; j'ai voulu tester la marque Schär qui propose un produit composé de farine de maïs), dans laquelle a été disséminée une cuillère à café de sel fin ;  au milieu, un bon 25 centilitres d'eau tiède dans lequel a été délayé un sachet de levure de boulanger, trois cuillères à soupe d'huile d'olive ; et en avant le pétrissage ! Une fois que c'est homogène et que ça ne colle plus, vous roulez le tout en une belle boule qui reposera à température ambiante pendant deux bonnes heures.


Pendant ce temps, voyons ce que nous pouvons faire pour sublimer ce beau support artisanal... Comme tout bon cuisinier qui se respecte, il y a bien chez vous quelques filets de poulet qui trainent au frais... Hop hop, coupez donc tout ça en petits dés ; apprêtez une marinade sympathique selon votre inspiration (piment doux, thym, romarin, huile d'olive extra-vierge et sel, pour ma part) et plongez-y la viande avec, pourquoi pas, quelques oignons émincés (grossièrement, dans mon cas, car cela ajoute de la substance tout en permettant d'éviter toute surcuisson qui donnerait à l'ensemble un arrière-goût amer trop puissant). Placez l'ensemble au réfrigérateur pendant deux heures également.



Vous avez le support, vous avez la farce... Il vous manque le piment, l'attaque, l'osmose ! Oh, n'ayez crainte, c'est encore plus simple que le reste... Jaune d'œuf, moutarde, huile d'arachide ; vous devinez la mayonnaise traditionnelle... Ajoutez : ciboulette, persil, coriandre, voire menthe, sel, poivre, ainsi que le jus d'un demi-citron...Et vous avez l'essence, le noyau dur du plat !



Un café, quelques dizaines de pages de votre livre du moment, une belle balade dans le froid de novembre... Les idées ne manquent pas pour occuper les deux heures d'attente nécessaires. Dès votre retour, commencez par faire préchauffer votre four sur 230° ; si tout a fonctionné comme prévu, votre pâte a dû doubler de volume : pétrissez-là jusqu'à ce qu'elle retrouve sa taille initiale, puis divisez le pâton en six portions égales pour ensuite aplatir chaque portion au rouleau en un disque fin. Quand le four est à température, glissez-les-y aussitôt ; les pains devraient gonfler rapidement ; poursuivez la cuisson pendant une quinzaine de minutes.

Une fois la cuisson des pains terminée (et réussie, dans le meilleur des cas), il vous suffit de poêler votre viande marinée, de découper très finement les légumes que vous aurez choisi pour accommoder votre farce (laitue, chou rouge...), puis de garnir vos petits pains après les avoir « décapsulés » et ouverts à l'aide d'une bonne paire de ciseaux. Alors : viande, sauce, légumes, sauce / légumes, sauce, viande, légumes, sauce... Votre destin/festin vous appartient !

Et si vous n'avez pas les doigts tout souillés de sauce (j'avoue, elle est addictive...), vous les tendrez vers votre verre empli d'une ronde et puissante Syrah sud-africaine.



À vous de goûter !

dimanche, novembre 11

[Intermezzo] Croûte aux poires au sirop poivre de sichuan-citron, amandes effilées torréfiées et nougatine de sésame

Masochisme suicidaire ? Appelez ça comme vous le voulez... Toujours est-il que pour un empoté de la crème brûlée, un godiche de la ganache, je dois l'avouer : je me suis assez bien éclaté en préparant cette composition.

Bien entendu, le sans-filet n'était pas de mise (suicidaire mais pas cinglé !) : j'ai utilisé ma recette de pâte sablée fétiche (allez, soyons bon seigneur, je vous la donne : 240 grammes de farine, 160 grammes de beurre mou, 80 grammes de sucre ; mélangez sucre et beurre, ajoutez la farine, façonnez une boule, réfrigérez une bonne heure, étalez, cuisez à blanc une demi heure à 180° après l'avoir piquée tout partout avec une fourchette ; dés que c'est un peu coloré, c'est cuit si votre four est luné comme le mien). Quant à la crème pâtissière, la recette que j'utilise étant directement issue d'un site Internet culinaire, je préfère vous laisser rechercher celle qui vous conviendra le mieux (vous avez l'embarra du choix et le choix de l'embarra !) ; in fine, elles sont toutes un peu similaires : du lait, des œufs, du sucre, de la farine, un chouïa de vanille, une cuisson sur feu très doux, ça prend, ça épaissit, ça se dévore !

Fort de ces deux classiques, je me suis vu un peu requinqué d'audace et presque allègre au moment d'entamer la préparation des inconnues du jour : les poires au sirop, la nougatine de sésame et les amandes torréfiées. Si lesdites amandes ne m'ont posé aucun problème particulier (sauf ahurissante distraction - ce dont je peux être victime parfois - faire sauter des fruits secs dans une poêle à feu vif sans toutefois les brûler n'est pas une manœuvre des plus périlleuses, à moins de ne pas avoir de poêle, d'amandes, de source de cuisson, de bras... mais ne nous égarons pas), la simple idée de gâcher de magnifiques poires Doyenné du Comice directement issues d'un verger local m'a glacé sang, salive et aplomb (tout maigre qu'il fut)... 

Assisté de quelques ouvrages de référence et animé d'une circonspection plus que scrupuleusement scientifique, j'en suis donc arrivé au mode opératoire suivant : faire bouillir 500 ml d'eau avec 150 grammes de sucre blanc, un petit zeste de citron et une dizaine de grains de poivre de Sichuan ; éplucher les poires, les couper en deux, en ôter le cœur ; après 15 minutes d'ébullition du sirop, y déposer les demi-poires et les y laisser pendant une petite vingtaine de minutes (moins si les poires sont bien mûres) ; éteindre le feu, verser les poires au sirop (avec le sirop) dans un saladier et les réserver.

Pâte sablée : OK (elle repose et refroidit pendant 30 minutes) ; crème pâtissière : OK (elle est consistante et refroidit, éventuellement au réfrigérateur) ; poires : OK (elles gambergent dans leur sirop et refroidissent doucement) ; amandes effilées torréfiées : OK (une fois colorées, elles ont été immédiatement placées dans un bol afin d'en stopper la cuisson)... 

 Reste la nougatine de sésame ! Si le nom en jette pas mal, il n'y a pas grand-chose à craindre quant à la préparation, laquelle ne m'a pris, en tout et pour tout, que six ou sept minutes. Le point clé de cette recette semble être la vigilance ; s'il vous prend l'envie de réaliser cette garniture, tâchez donc de garder les yeux en face des trous et braqués sur votre poêlon, dans lequel fond une soixantaine de gramme de sucre semoule à feu très doux ; une fois fondu et un peu coloré, ajoutez aussitôt le même poids de graines de sésame torréfiées et une cuillère à café de miel ; lorsque le mélange est homogène, vous étalez très rapidement l'ensemble sur une feuille de papier sulfurisé ; c'est le moment de découper lapins, cœurs, poumons, ornithorynques ou toute autre forme de votre choix tant que le sucre est encore malléable. 

Bon maintenant, je vous laisse faire ; ma présentation est loin d'être arbitraire et absolument inaltérable. Déposez, disposez, alignez... Mangez avec les yeux, les doigts, la bouche et savourez !

À vous de goûter !

mardi, novembre 6

[Ce soir...] Boudin noir parmentier, strate ultrafine de Cox




Allez, allez, ménagères ! Ce soir, on métamorphose vot' boudin-purée-compote ! Promis, on touche pas aux saveurs ! Juré, on égratigne pas le plaisir ! On retravaille, on lisse un peu, on profane pas ! Pardon, vous doutez de ma (bonne) parole ? Voyez plutôt :

Comme vous le fîtes et le faites encore, un bon kilo de Bintje tout juste extrait du substrat du coin : on épluche, on découpe, on cuit à l'eau une bonne demi-heure, un rien de lait, quelques lamelles de beurre, noix de muscade, sel, poivre... Voilà LA purée, parfumée, aérienne, simple et tout ce que vous voulez de positif !...

Une demi-heure... Soit un peu plus qu'une éternité pour préparer la deuxième partie : le boudin, que vous aurez choisi artisanal (veillez à ce que le sang et le gras de porc couvrent le pourcentage le plus important sur l'ensemble des composants ; il en va de votre plaisir !). En un éclair, vous aurez dégainé la cochonnaille de son boyau. Découpée en dés d'un bon centimètre d'arête, la chair cuira en deux temps trois crépitements dans un filet d'huile d'olive où frisotent déjà un ou deux oignons blancs émincés. Deux branches de thym, quelques généreux tours de moulin... Un produit noble n'a besoin de rien de plus !

Enfin, tandis que vos pommes de terre s'attendrissent gentiment, que votre boudin chantonne tranquillement (promis, je mets les adverbes en veilleuse maintenant !...), vous pouvez attaquer l'élément secret, celui qui s'intercale entre les couches, celui qu'on laisse éventuellement deviner à ses convives : la pomme ! Choisissez une pomme savoureuse, pas spécialement à croquer, pas spécialement à cuire (la Cox orange est, de nouveau, un bon compromis). Après l'avoir vidée et épluchée, vous la couperez en fines tranches que vous poêlerez dans une noix de beurre pour les colorer (petite fantaisie : j'ai ajouté quelques grains de poivre sauvage de Madagascar « Voatsiperifery », lequel ajoute une note relevée et un chouïa corsée aux lamelles de pommes ; tout en étant facultative, l'association reste intéressante).

Et après ? Après, c'est comme un parmentier on ne peut plus scolaire : la viande et par-dessus la purée, en n'oubliant toutefois pas de répartir les tranches de pomme entre les deux couches. Un bon quart d'heure dans un four à 200° et vous obtiendrez la succulente croute de purée en surface, pour laquelle même un enfant de chœur se damnerait illico antechristo.

Au côté de ce petit plaisir à étages, une salade de fins lambeaux de pain de sucre (cf. mon article au sujet de ce légume) relevée d'une vinaigrette moutarde-estragon, complétée de quelques noix concassées et ponctuée d'une poignée de haricots blancs créera un contraste de fraîcheur et d'amertume appréciable.

Cochon qui s'en dédit : avec ça nous boirons du Morgon, et sans ergoter !

À vous de goûter !

dimanche, novembre 4

[Ce soir...] Purée de pois cassés et épines de chorizo



Je m'adresse ce soir au flemmard, à l'aficionados du farniente, au fainéant qui a toutefois décidé de ne pas succomber aux archilipidiques cheeseburgers et autres quiches industrielles dont le goût n'est hélas pas souvent proportionnel au nombre (excessif) de calories qu'ils contiennent.

Mon frichti facile du soir n'est pas une morosité lightissime qui vous ferait pleurnicher à peu près autant que votre estomac délaissé. Pas de salade sèche à souhait ni de biscotte esseulée. Je vous annonce... une purée ! Oui, il est vrai qu'à première vue, il s'agit d'un terme qui ne fonctionne pas seul. Soit ! Brisons les habitudes. Rien de tel qu'une révolution de poche, en l’occurrence : une micro-insurrection alimentaire. Que de grands termes pour un casse-dalle que j'annonçais plutôt « sur le pouce ». Je vous l'accorde. Oubliez donc ce qui précède et concentrez-vous sur les quelques lignes suivantes (je ne voudrais pas être responsable d'une luxation de pyjama ni d'une foulure de charentaise !). 

Ladite purée se prépare comme une purée traditionnelle si ce n'est que l'ingrédient principal est le pois cassé. Voilà une belle occasion de (re)découvrir cette légumineuse honteusement délaissée pour je ne sais quelle raison de toute manière non valable. Riches en fibres et en sels minéraux, ces légumes secs sont, avant toute chose, d'une saveur remarquable, bien plus aromatique que l'est celle du même produit conditionné en conserve. Outre les pois cassés, figure une pomme de terre farineuse (préférez la Bintje) de taille moyenne. Après avoir coupé cette dernière en gros dés, vous recouvrez le tout d'eau, vous lancez la cuisson et c'est pratiquement terminé.

Par ailleurs, voici même une petite astuce qui vous assoira définitivement à la table de la Lazy Food (traduisez : le « mangez paisible ») : pour éviter que les amidons ne montent aux nasaux de votre casserole et n'entraine une éruption de liquide noyant becs de gaz et autres plaques vitro, laissez échapper un fin filet d'huile en début de cuisson ; les remous devraient s'en tenir à carreau. En cours de cuisson, surveillez de temps en temps la teneur en eau ; en cas de pénurie, ajoutez-en.

Une fois que pomme de terre et pois cassés cèdent sous la fourchette, il ne devrait en théorie rester que peu de liquide ; dans le cas contraire, égouttez les légumes. À l'aide d'un mixer plongeur, réduisez l'ensemble en une purée fine. Pour l'assaisonnement, voici l'une innombrables possibilités : une cuillère à soupe de Saint-Moret, du sel et du poivre (vous pouvez y aller : les pois cassés ont ce défaut excusable d'être plutôt fades), une pincée de piment d'Espelette... Et pour amuser petits et grands (qui ne sont jamais que des petits qui se voilent la face en gagnant centimètres et principes), pourquoi ne pas égayer les petits bols de purée d'épines de chorizo ? Quelques fines tranches détaillées en fins lambeaux que vous poêlez sur chaque face pendant une minute, et le diable, par sucs pimentés interposés, fait son entrée fracassante dans l'univers doux et efficace du pois cassé.

À vous d'ajouter épines, écailles, poils, ailes, becs, yeux... de votre choix ; et, ma foi...

À vous de goûter !

samedi, novembre 3

[Intermezzo] Crumble pommes-poires façon Carnage




J'avoue que l'intitulé de la préparation peut sembler assez déroutant et peu ragoûtant. Bien que la douceur dont il sera ici question ne contienne ni viande ni haine, il faut rendre au cinéma ce qui est à Polanski. Car il y a référence, que dis-je, inspiration certaine ! La faute à Penelope Longstreet (Jodie Foster), protagoniste principale du dernier long métrage du réalisateur franco-polonais, qui laisse filtrer plusieurs éléments clés lui ayant permis de confectionner son fameux crumble, lequel constitue, bien malgré lui, le noyau dur de l'intrigue...

Mais je n'ambitionne pas de vous gâcher la surprise. D'autant que ce film vaut selon moi la peine d'être vu. Je me concentrerai donc sur l'essentiel. Le crumble fait partie de la famille des desserts ô combien goûteux ne nécessitant toutefois pas la méticulosité impitoyable inhérente à la préparation de pâtisseries fines et autres soufflés. Ainsi, sauf extrême distraction, il s'agit d'un dessert/goûter/en-cas inratable. 

Je me suis donc laissé guider par le jeu d'acteurs, lequel m'a permis de déceler les indices suivants : il s'agit d'un crumble à base de pommes et de poires, le « truc » consiste à couper les morceaux de poires plus gros que les morceaux de pommes car ces derniers cuisent moins rapidement, le « sable » déposé sur les fruits est en partie constitué de mie de pain d'épices.

En pratique, qu'en est-il ? Patience, j'y venais. Si l'on considère une tablée classique de quatre mangeurs normalement constitués, les proportions suivantes semblent convenir : deux pommes (des Cox orange pour ma part), une grosse poire (Doyenné du Comice, of course), 150 grammes de farine, 150 grammes de cassonade blonde, 125 gramme de beurre, une poignée de noix, le jus d'un demi citron, une demi cuillère à café de noix de muscade moulue, une demi cuillère à café de cannelle moulue, quelques gouttes d'essence de vanille. Ne disposant pas de pain d'épices maison et ne voulant pas introduire d'éléments industriels dans ma recette, j'ai tâché d'ajouter à la préparation quelques éléments généralement constitutifs de la bonne brioche d'hiver (cannelle, muscade, noix).

À raison de dix minutes de préparation top chrono : éplucher les pommes et la poire, puis couper les fruits en cubes (si vous m'avez bien suivi : coupez la poire en cubes un peu plus volumineux), déposer les cubes dans un plat à gratin et arroser du jus de citron, ajouter la cannelle, la muscade, les noix grossièrement hachées et la vanille. Dans un saladier, mélanger la farine, la cassonade blonde et le beurre froid coupé en dés. Déposer le sable sur les fruits en hésitant pas à en laisser s'immiscer entre les cubes. Enfourner pendant 30 à 40 minutes dans un four préchauffé à 210°. 

Il ne vous reste plus qu'à le servir à vos amis qui se jetteront sans aucun doute voracement dessus. Pour terminer, un petit conseil : si avez la certitude que certains de vos convives ont vu le film, je vous suggère de n'annoncer la référence qu'au terme de la dégustation, bien qu'il y ait peu de chance que votre crumble ait les mêmes « retombées » que l'original (les personnes connaissant l'histoire me comprendront...).

Servez le crumble accompagné d'une boule de glace vanille, ainsi que d'une bolée de cidre doux ou d'un verre de blanc moelleux (Jurançon, Monbazillac...)


À vous de goûter !

vendredi, novembre 2

[Ce soir...] Risotto butternut, chèvre et romarin

Ah Halloween... Ses déguisements lugubres, ses overdoses de sucreries... Tout cela resterait bien gentillet et sans conséquence si certains célébrants n'étaient pas gagnés par un vice imbécile qui consiste à éviscérer une bien pauvre et rondouillarde cucurbitacée sans défense afin de la muer en une vilaine boubouille pas sympathique... Encore seraient-ils à moitié excusés s'il leur venait la simple idée (en vertu de goûts personnels ou de négligence primaire) de livrer la vive et succulente chair de la victime en pâture à poules ou chèvres aux aguets.

Or, il en est beaucoup chez qui ladite substance n’atterrit ni au sol de la basse-cour, ni au fond d'une marmite en vue de la confection du plus simplissime potage. Magie ? Non... Crime ! Que dis-je ? Meurtre ! Horrible méfait ! Voilà bien l'acte le plus effrayant d'Halloween... À côté de ça, zombies et momies peuvent bien rechausser guenilles et bandelettes...

Bien entendu, il existe des courges dont la chair ne présente aucun intérêt gustatif et qui font dès lors idéalement office de décoration de circonstance. Toutefois, les statistiques (ainsi que de petites enquêtes oculaires officieuses menées par votre serviteur) montrent que le commun des mortels semble ne pas prendre la peine d'opérer ce petit travail distinctif pourtant tout à fait intelligent. Or, ces malfaiteurs savent-ils seulement ce qu'ils gaspillent ? Si tel était le cas, je pense qu'on les entendrait gémir et sangloter à des kilomètres à la ronde jusqu’à ce qu'aphonie s'en suive. Vitamine C, bêtacarotène, vitamines A B C D E, oligo-éléments en veux-tu en voilà... J'arrête là ? Vous ne le ferez plus ? Bien je vous crois.

Pour l'heure, nous allons hélas également sacrifier une belle courge d'hiver, mais ceci pour le plus grand plaisir de nos papilles, rassurez-vous. Ainsi, c'est la courge doubeurre dite « Butternut », un fruit un peu plus discret sur les étals des marchés et moins visé par les horribles décorateurs-amateurs-charcutiers du dernier jour d'octobre, du fait de sa couleur moins vive et de son cruel manque de pustules, que nous cuisinons ce soir.


La recette est bête comme courge, mais elle demande une certaine patience et une vigilance particulière au niveau des cuissons. Le fruit étant doté, comme toute entité physique normalement constituée, de deux moitiés, les quantités suivantes valent pour deux mangeurs. Pour commencer, choisissez donc une courge assez petite afin de pouvoir en servir une demi par personne. Tout d'abord coupez le fruit en deux moitiés égales dans le sens de la longueur. De toutes vos forces (car la chair est assez ferme), creusez la chair en conservant un demi centimètre de bord (la peau de la courge étant trop fine que pour supporter une farce à elle seule) ; réservez la chair. Sur chaque moitié, découpez délicatement une fine bande de peau sur la face convexe (pour garantir la stabilité du support et éviter ainsi les inconforts et/ou catastrophes lors de la dégustation). 

Pour le risotto, commencez par peler, émincer et poêler deux petites échalotes dans un fond d'huile d'olive ; dès qu'elles sont translucides, ajoutez un verre (25 cl) de riz arborio et mélangez le tout. Je suis persuadé que vous avez pensé à sortir une portion de votre bouillon maison du congélateur... Pardon ? Vous n'avez pas de bouillon ? Vous allez oser me dire que vous n'en faites jamais ou que vous ne gardez pas ce précieux nectar ?! Bon, prenez un cube et délayez-le dans un litre d'eau, je ferme et ligature mes paupières à double tour pour cette fois, mais c'est bien parce que c'est vous... Après une minute, vous pouvez ajouter un petit verre de vin blanc sec pour déglacer la poêle ; une autre minute plus tard, vous commencerez à ajouter le bouillon, par petites louches successives, en laissant bien le temps au liquide de pénétrer les grains de riz. 

Un petit quart d'heure et plusieurs louchettes de bouillon ont passé, occupons-nous maintenant de la chair de butternut : dans une petite poêle antiadhésive chaude faites sauter les morceaux de courge préalablement finement émincés dans un peu d'huile d'olive, ajoutez une branche de romarin entière (l'essence parfumera l'ensemble sans que les aiguilles ne gênent à la dégustation) et assaisonnez d'un peu de de fleur de sel. 

Une fois le risotto à point (bien crémeux et presque assoiffé de bouillon), stoppez la cuisson, ajoutez une cuillère à café de romarin séché, une demi cuillère à café de poivre et salez à votre goût (en fonction du sel déjà présent dans votre bouillon à la base) ; ajoutez alors la chair de courge préalablement poêlée. Et après ? Après, c'est un peu comme ça vous chante... Pour ma part, ce fut : câpres, brunoise de Picodon (ce merveilleux petit fromage de chèvre ni trop ferme ni trop crémeux et agréablement parfumé qui fondra doucement sur l'ensemble) et une pincée de piment d'Espelette... Laissez-vous guider par votre inspiration, comme ont l'air de le faire ces maudits trucideurs de citrouilles...

Avec ça, optez, par exemple, pour un Beaumes-de-Venise ; parce que vous le valez bien.

Note : face aux éventuels détracteurs qui me vilipenderaient pour la faible proportion de courge utilisée pour l'assiette représentée sur la photo, je me défendrais, votre honneur, en leur expliquant que, n'ayant pas l'habitude de cuisiner pour moi seul, j'ai eu la main un rien lourde sur le riz, ce qui a légèrement faussé l'équilibre. Si mes mots ne vous suffisent pas, vous n'avez qu'à venir vérifier : un bol bien rempli attend sagement d'être dégusté d'ici une douzaine d'heures.

À vous de goûter !


mercredi, octobre 24

[Ce soir...] Filet de saumon, émulsion de chorizo et coriandre, purée douce bintje-vitelotte et Saint-Moret, fricassée de courgette au persil.

Imaginez : une association de deux pommes de terre (assez différentes de par leur couleur et texture respectives) cuites ensemble à l'eau salée jusqu'à ce que la chair abdique docilement et accepte de glisser au travers des alvéoles de votre presse-purée ; pour homogénéiser l'ensemble et y ajouter de l'onctuosité sans toutefois risquer d'affaisser ni de liquéfier la purée, une belle cuillère à soupe de fromage frais de type Saint-Moret sera bien plus indiquée qu'une louchette de lait, bien trop peu discipliné pour le compte (réservez-le pour vos grosses purées familiales pour lesquelles le centilitre de trop ne fera pas tâche d'huile...), sans compter que ledit fromage ajoutera aux pommes de terre un léger arrière-goût amer qui éliminera définitivement toute sensation de lourdeur dont les patates ont souvent du mal à se défaire. Au besoin (et pour ne pas non plus surcharger la préparation de fromage), vous équilibrerez avec quelques copeaux de beurre, lequel reste le copain par excellence du tubercule.

Bien, poursuivons : considérez une belle courgette ; après en avoir ôté les graines (surtout si elle est de bonne taille), vous la coupez en cubes d'environ 1 à 1,5 cm d’arête. Ça frémit déjà dans un poêlon ; il s'agit d'huile d'olive désormais à température sur laquelle vous pouvez poser vos morceaux de courgette en les remuant régulièrement. Quand la chair commencera à colorer et à s'attendrir, pourquoi ne pas y ajouter une échalote émincée et une petite poignée de persil frais haché ? Vous l'aviez en tête ? Parfait. N'oubliez pas d'assaisonner à votre goût.

Terminons notre petite expérience : voyez votre main verser de la crème liquide dans un poêlon ; cette même main aura tôt fait de découper quelques lamelles d'un chorizo que vous aurez prévu pour l'occasion (ou qui trainera misérablement dans le fond de votre frigo...) et de les plonger dans la crème avec quelques graines de coriandre. Température faisant, les éléments solides s'infuseront dans la crème et y libéreront toute leur puissance. Pendant ce temps, vous avez excellemment pensé à poêler un filet de saumon sans ajouter de matière grasse, pas trop longtemps, jusqu'à ce que la chair commence à se détacher. Au dernier moment, vous filtrerez la crème avant de lui donner quelques coups de mixer-plongeur pour l'émulsionner.

Ce plat, vous l'avez maintenant sur le bout des yeux, des lèvres, des papilles... Il ne vous reste plus qu'à passer à la pratique. Et n'oubliez pas que tout est possible : surtout le goût. 

Et d'ailleurs...

À vous de goûter !





dimanche, octobre 21

[Ce soir...] Carpaccio de radis noir, vinaigrette noix-soja, crumble de châtaignes et aneth

Chères lectrices, chers lecteurs, parlons peu, parlons bien. Puisque ce jour se révèle être jour du saigneur, je vous propose cette recette 100 % végétale, sans effusion aucune, sinon peut-être de joie à l'idée de fondre sur cette préparation délicate qui ne vous demandera, en fin de compte, rien de plus qu'un bon couteau et quelques produits disponibles chez tout bon détaillant/sur tout marché qui se respecte.

Le petit radis rose et blanc ou rouge, tout le monde le connait ; le popotin trempé dans quelques cristaux de fleur de sel, ce petit tubercule aguicheur vous envoie recta autour d'un ring sur lequel s'affrontent amer et salé avec maestria : un grand classique. Mais qu'en est-il de son cousin, un peu plus renflé, nettement plus sombre et qui, à première vue, n'inspirerait pas la même sympathie ? Si son goût le rapproche naturellement des spécimens plus connus de la famille des brassicacées (celle des radis communs, si vous me suivez), le raifort des Parisiens (l'un de ses charmants sobriquets) se distingue avant tout par la délicatesse et la texture plus charnue de sa chair, ce qui rend cette dernière plus aisée à accommoder et à travailler. Par ailleurs, sans entrer dans des détails trop santé-conso-régime, notons que le radis noir n'a rien à envier aux végétaux leaders sur le marché de la suprême saine bouffe : vitamine C, potassium, isothiocyanates, glucosinolates (ces deux derniers éléments étant réputés pour leurs vertus anti-carcinogènes et antimutagènes ; merci Internet !), j'en passe et des meilleurs.



Mais revenons à des idées plus concrètes et savoureuses. En fin de compte, je ne ne pense pas avoir grand-chose à vous expliquer ; l'intitulé du plat (librement inspiré de recettes chinées sur la toile) et l'image vous auront certainement déjà donné une idée claire de la confection dudit met. Je me trompe ? Si tel est le cas, voici un petit memento succinct qui vous permettra de le réaliser les yeux fermés sans toutefois vous couper une phalange au cas où, comme conseillé ci-dessus, vous décideriez d'utiliser un bon couteau (soit bien aiguisé, indispensable pour réaliser tout bon carpaccio qui se respecte) :

- Réaliser la vinaigrette en mélangeant : une cuillère à soupe d'huile de noix, une cuillère à soupe de sauce soja Kikkoman, une cuillère à café de vinaigre blanc.

- Éplucher et découper le radis noir en très fines lamelles (deux millimètre environ).

- Disposer les tranches sur une assiette, arroser de vinaigrette, saupoudrer d'aneth séché (frais, c'est encore mieux) et d'une pincée de sel fin.

Le crumble de châtaigne, bien que facultatif, apporte une note consistante et douce, laquelle se marie plutôt bien avec le tubercule. Pour le réaliser, il vous suffit d'inciser une poignée de châtaignes de la tête à la base, de les ébouillanter une bonne dizaine de minutes, de les éplucher, de les hacher grossièrement et de les poêler à feu vif sans matière grasse sans cesser de les remuer afin de les torréfier un chouïa. Il ne vous reste plus qu'à en parsemer l'assiette à l'envi.




À vous de goûter !

dimanche, octobre 14

[Ce soir...] Dégustation automnale : soupe de potimarron et escalope de cèpe de Bordeaux juste poêlée - Fricassée de bolets bai au pesto de basilic rouge et salade de mâche à l'huile de noix



On y est ! En plein dedans ! La saison la plus riche en plaisirs de bouche éphémèrement savoureux nous enlace enfin de ses bras humides et parfumés. Si d'aucun considèrent l'automne comme un brelan de mois propices à quelques déprimes et morosités extensibles, je préfère me concentrer sur son potentiel gastronomique hors du commun. Fruits secs, courges d'hiver, champignons, gibiers... D'octobre à décembre, la variabilité se conjugue à une concentration impressionnante de goûts et de textures.

Or, outre celui des papilles, l'automne est également source de plaisirs oculaires tout aussi variés et éclatants. La mort annuelle et docile des végétaux est toujours l'occasion d'un spectacle simplement envoûtant. Dans les bois, les averses de feuilles mortes valent tout à fait les champs morts-nés de jacinthe des premiers jours de mai. Ainsi, c'est parmi ces jolis lambeaux inanimés et bientôt gobés par l'humus que naissent l'une des merveilles les plus fragiles et les plus aléatoires du moment : les champignons.

Sans entrer dans les détails des espèces apparaissant en milieu de saison (car il y en a plus qu'un paquet...), je me concentrerai sur les deux espèces que j'ai eu le plaisir de rencontrer en ce beau dimanche après-midi : le cèpe de Bordeaux (un unique spécimen) et le bolet bai (douze spécimens). Bien qu'ils puissent très bien s'associer (le bolet bai étant d'ailleurs considéré comme le substitut du cèpe de Bordeaux en cas de mauvaise saison dudit champignon), j'ai préféré les préparer et les déguster séparément afin d'en apprécier pleinement les caractéristiques.

Trêve de glose, passons à ce qui vous intéresse sans doute : les recettes proprement dites. 





Commençons par le potage dont la préparation ne tient qu'en très peu d'étapes : couper un potimarron en deux, en ôter les graines et le découper en gros cubes de deux centimètres d'arête ; dans une casserole dans laquelle un peu de matière grasse fait déjà chanter quelques oignons émincés, ajouter les cubes de courge et les faire sauter quelques minutes ; assaisonner d'une pincée de gros sel et ajouter suffisamment d'eau pour couvrir les cubes (si quelques-uns flottent, c'est normal) ; laisser cuire pendant une petite heure à feu doux, puis mixer l'ensemble. Dans une poêle, faites fondre une noix de beurre ; lorsqu'il frémit, ajouter le cèpe de Bordeaux coupés en fines tranches (environ 3 mm d'épaisseur) dans le sens de la largeur. Saler d'une pincée de fleur de sel. Éteindre le feu dès que les tranches se colorent légèrement et les déposer simplement sur le potage juste avant de servir.






 Devant une telle simplicité, je présume que vous ne souhaiterez pas non plus vous arrêter en si bon chemin. Qu'à cela ne tienne, vous avez des bolets bai dans votre panier ! Certes, leur nettoyage prendra un peu plus de temps (il convient d'en ôter les pieds et le « foin », situé juste au-dessous du chapeau, contrairement au cèpe qui se mange du chapeau à la tête, et d'en nettoyer la surface du chapeau à l'aide d'un chiffon légèrement humide), mais le jeu en vaut nettement la chanterelle (navré, c'était trop tentant...). Après avoir ôté circulairement l’extrémité de chaque chapeau à l'aide d'un bon couteau sur un millimètre, découper les chapeau en cube d'un centimètre d'arête ; dans la poêle ayant servi à la coloration des tranches de cèpe, ajouter éventuellement un peu de matière grasse et faire chauffer les cubes de bolet à feu vif, saler et réserver. Dans une verrine, déposer une petite quenelle d'un pesto de basilic rouge (pour le préparer : mixer ensemble une poignée de pignons de pins torréfiés, une grosse poignée de feuilles de basilic rouge, quelques copeaux de parmesan, une pincée de gros sel et quelques cuillères à soupe d'huile d'olive) ; déposer ensuite quelques cuillères à soupe de champignons et terminer par une nouvelle petite quenelle de pesto. Cette petite fricassée s'accommode très bien d'une petite salade de mâche rehaussée de sel, de poivre et d'un peu d'huile de noix.

Voilà un plateau télé de saison haut en goût et en couleurs qui n'aura à rougir devant aucun de ses collègues cerclés de plastique, de film hermétique et d'atmosphère protectrice non identifiée.

À vous de goûter !