vendredi, septembre 14

[Ce soir...] Quinoasotto rapide « fond de bac à légumes »



C'est, de nouveau, en iconoclaste menteur assumé que je me présente à vous ce soir. Menteur, d'une part, car les légumes utilisés pour cette recette étaient loin d'avoir été oubliés distraitement (bien au contraire, vu que mes préparations se construisent généralement autour d'un ou plusieurs légumes) ; iconoclaste, d'autre part, car en dépit de l'intitulé, ladite préparation n'a rien de commun avec un risotto traditionnel.

Qu'à cela ne tienne, j'ai dit que j'assumais, alors assumons pleinement ! Si, comme moi, vous attachez une importance particulière aux savoureux végétaux ou si quelques tomates et autres légumes d'été ont entamé un processus de fossilisation dans les fins fonds de votre armoire froide, alors cette recette peut vous intéresser.

Monder quelques tomates, émincer un oignon rouge, couper quelques légumes (aubergines, courgettes, concombres...) en dès... Quoi de plus simple ? Poursuivons dans les compétences « bac à sable » : un peu de quinoa rouge dosé selon votre faim et le nombre de mangeurs ; il suffit de le rincer et de le cuire à froid (éteindre le feu et fermer la casserole quand l'ébullition est atteinte) pendant environ 20 minutes.

Pendant que la fausse céréale cuit, poêler l'ensemble des légumes à feu vif dans un peu d'huile d'olive, en commençant par les oignons, les aubergines et/ou courgettes ; terminer par les tomates (qui ont besoin de moins de cuisson). Saler en début de cuisson. Quand les légumes sont bien tendres, ajouter le quinoa égoutté. Déposer un peu d'origan frais haché à l'envi et rectifier l'assaisonnement (avec, pourquoi pas, une pincée de piment d'Espelette ?). Servir dans un bol et déguster avec toute la gourmandise iconoclaste qui s'impose.

À vous de goûter


lundi, septembre 10

[Papilles aux aguets] Le pain de sucre



Les laitues, comme l'été, se font la malle... Le concombre vous indiffère... Le chou vous barbouille... Les carottes vous lassent... Mince, on peut dire que vous avez un palais délicat (pour employer l'adjectif idoine, bien qu'euphémique pour l'heure). Qu'à cela ne tienne ! Lancez-vous dans l'aventure : testez... le pain de sucre !

Longue, verte et ferme, cette variété de chicorée (la plus proche de la chicorée sauvage) accompagnera idéalement (et à peu de frais) vos repas d'automne et d'hiver. 

Il vous suffira d'ôter quelques-unes des premières feuilles (les plus vertes et les plus amères) et, à l'aide d'une bonne lame, de couper la pièce entière en fins lambeaux dans le sens de la largeur. Après, vous assaisonnez comme bon vous semble, en sachant qu'il s'agit d'un légume assez amer (contrairement à son nom qui suggérerait plutôt la suavité agréable quoi qu’excessive d'un bon cougnou de Noël - nous y reviendrons !), frais et croquant (un peu comme la salade iceberg, tout en étant bien moins gorgée d'eau). Un avantage non négligeable : du fait de sa grande taille, il ne vous sera peut-être pas possible de dévorer la pièce entière en une fois ; aucune inquiétude : vu sa densité, le légume coupé se conservera très bien une petite semaine au réfrigérateur !

Pour ma part, je l'ai agrémentée de quelques cerneaux de noix pilés, d'une gousse d'ail finement émincée et d'une vinaigrette (bien bien vinaigrée) à la moutarde. Il s'est agi, du reste, d'un accompagnement de choix pour mon pain de viande aux herbes de ce soir.


Note : il parait que le pain de sucre peut tout à fait se cuire et se préparer de diverses façons (gratin, purée, potée...), à la manière de sa cousine la scarole. Je tâcherai d'essayer prochainement et de vous en présenter le debriefing, sans faute !


À vous de goûter

dimanche, septembre 9

[Ce soir...] Toast aux champignons sur le pouce



Vous connaissez la maxime : « Lundi, c'est ravioli ! ». Quand est-il du dimanche ? N'a-t-il pas droit lui aussi à son acolyte gastronomique (s'il en est) ? Brisons immédiatement cette inégalité fâcheuse dans l'œuf : dimanche, c'est toast aux champignons ! (bon, pour la rime, il faudra repasser...)

En y songeant plus attentivement, il est vrai qu'il n'est pas de plat qui convienne mieux à la morosité et à l'apathie potentielles de ce moment tant redouté par certains. À ces personnes mélancoliques à l'œil vide d'énergie et rempli de perspective professionnelle plus ou moins cafardeuse, je ne conseillerais qu'une chose : faites-vous plaisir sans trop d'effort ; vous ne gaspillerez dès lors pas le peu de vigueur qu'il vous reste. Au reste, il est probable qu'un bon toast aux champignons bien placé vous requinque pour la semaine.

Pour ma part, j'ai coupé une bonne tranche de pain au levain acheté ce matin même sur le marché, avant de la placer dans un four à 230° (fonction grill) ; elle y restera 10 minutes maximum (surveillez fréquemment l'allure de votre support ; mon four n'est pas votre four). Pendant ce temps, ôtez les pieds de 500 grammes de champignons de Paris de taille moyenne ; s'ils sont bien frais, il est inutile de les éplucher. Émincez les chapeaux en fines lamelles et réservez les pieds. 

Dans une poêle, faites sauter les lamelles dans un filet d'huile d'olive à feu vif. Salez à mi-cuisson. Lorsque les champignons ont rendu pratiquement toute leur eau de végétation, ajoutez deux oignons tiges émincés (la partie verte également), puis 200 ml de crème liquide (de soja pour ma part). Laissez réduire. Salez, poivrez. Votre appareil est prêt !

Vous pouvez maintenant assembler le tout. À même l'assiette ou sur un lit de verdure (quelques feuilles de roquette pour moi), déposez une tranche de pain grillé, surmontez-la généreusement de quelques cuillères de champignons à la crème. Au dernier moment, découpez les pieds (réservés au début de la préparation) en une fine duxelles que vous assaisonnerez selon vos envies (sel, poivre, jus de citron et piment d'Espelette pour ma part) ; déposez un peu du mélange sur le toast garni. Une chtite feuille de persil pour la déco et voilà de quoi oublier la moindre contrariété et prolonger quelque peu votre week-end avec le sourire.

Ajoutez à cela un verre de pinot noir (rouge) bulgare et il ne vous viendra plus qu'une maxime aux lèvres : lundi est un autre jour !

À vous de goûter

lundi, septembre 3

[Ce soir...] Comme une paella



J'ai pas peur de l'avouer, j'avais quarante ans passés, eh bien, le jour de la mort de Brassens, j'ai pleuré comme un môme.  J'ai vraiment pas honte de le dire. Alors que - c'est curieux - mais, le jour de la mort de Tino Rossi, j'ai repris deux fois des moules.

Laissons là toute considération et appréciation humaine ou musicale, bien que je perçoive parfaitement l’essence de ce mot d’esprit lucidement émis par un Desproges en pleine forme sardonique. 

Concentrons-nous sur ces petits mollusques bivalves à la coquille sombre et bombée dont l’appréciation semble aujourd’hui tantôt freinée tantôt idiotement gonflée par une augmentation des prix qui, il est bien de le rappeler, est loin d’être proportionnelle à la supériorité hypothétique actuelle desdites moules en termes de qualité. Une moule est une moule. Bien entendu, il y a moins de sable, les bêtes sont calibrées, lustrées, rangées, parées, bercées… Dans trente ans, une technologie dernier cri permettra vraisemblablement de rendre la coquille comestible ; ne riez pas, nous en reparlerons !

Pour un kilo de moules Jumbo (45 à 53 pièces) de bonne qualité, vous paierez environ cinq euros chez Carrefour, soit le prix d’un filet de cabillaud d’environ 250 grammes. Sur ce kilo, de 60 à 70 % seront constitués de coquilles et finiront donc à la poubelle. Cabillaud ou moules : même prix pour un même poids.

Mais arrêtons là les comparaisons mathématiques qui n’ont rien à faire dans une cuisine. Les moules cuites simplement dans leur jus gonflé d’un bon verre de Touraine blanc, avec céleri vert, carottes, oignons et ail… ça vaut tous les filets de cabillaud du monde ! Ajoutez à cela une portion de frites et une mayonnaise citronnée « trop » (volontairement) moutardée, et vous voilà au sommet du cœur du summum de la gastronomie en mer du Nord. 

Or, tous les bons appétits ont une fin (une fois la faim estompée [parlons peu, parlons belge]). Malheur ! De pauvres petits mollusques sans défense laissent poindre leurs plus belles stries au-delà d’un jus qui refroidit. Mais que vont-elles devenir ? 

À cette question, je vous le dis, il y a une réponse ! Si nous sommes sur la même longueur d’onde, vous aurez pris soin d’ôter l’une des valves de chaque moule (de préférence celle à laquelle la chair n’est pas accrochée) et de les réserver au frais dans un plat filmé, une fois (encore ?!) le repas terminé. Bien joué ! On tient le bon bout !

Au reste, analysez le contenu de vos placards… Il doit bien y avoir une boîte de riz complet, une conserve de thon et un bocal de petits pois ? C’est le cas ? Merveilleux ! La tomate dont vous ne savez que faire, le poivron qui flétrit, la carotte qui ramollit et la courgette entamée, vous les extirpez tout de go de votre frigo, manu militari s’il le faut ! Après, safran, ail, oignons, piment moulu, sel, poivre... je suis persuadé que vous y êtes. 

Cuisez le riz normalement, mais veillez à stopper la cuisson au moins cinq minutes avant terme. Dans une grande poêle (ou mieux : un wok) et un trait d’huile d’olive, faites suer un ou deux oignons (un rouge, un blanc ?) émincé, auxquels vous ajoutez deux gousses d’ail écrasées et hachées. Ensuite, après les avoir épluchés/ mondés, ajoutez carotte, poivron, courgette et tomate coupés en dés. Faites sauter le tout et ajoutez une capsule de safran en poudre et un peu de piment. 

Quand l’ensemble a joliment jauni, incorporez le thon, salez et poivrez. Quand les légumes deviennent tendres, ajoutez le riz ; laissez cuire de cinq à dix minutes (selon la texture du riz). Cinq minutes avant de servir, ponctuez l’ensemble de vos délicats mollusques sortis une dizaine de minutes auparavant du réfrigérateur.

Et voilà une vraie fausse paella dont s’ébaubira tout gourmand armé d’une fourchette… sauf les censeurs, ça va de soi.  



À vous de goûter