lundi, septembre 3

[Ce soir...] Comme une paella



J'ai pas peur de l'avouer, j'avais quarante ans passés, eh bien, le jour de la mort de Brassens, j'ai pleuré comme un môme.  J'ai vraiment pas honte de le dire. Alors que - c'est curieux - mais, le jour de la mort de Tino Rossi, j'ai repris deux fois des moules.

Laissons là toute considération et appréciation humaine ou musicale, bien que je perçoive parfaitement l’essence de ce mot d’esprit lucidement émis par un Desproges en pleine forme sardonique. 

Concentrons-nous sur ces petits mollusques bivalves à la coquille sombre et bombée dont l’appréciation semble aujourd’hui tantôt freinée tantôt idiotement gonflée par une augmentation des prix qui, il est bien de le rappeler, est loin d’être proportionnelle à la supériorité hypothétique actuelle desdites moules en termes de qualité. Une moule est une moule. Bien entendu, il y a moins de sable, les bêtes sont calibrées, lustrées, rangées, parées, bercées… Dans trente ans, une technologie dernier cri permettra vraisemblablement de rendre la coquille comestible ; ne riez pas, nous en reparlerons !

Pour un kilo de moules Jumbo (45 à 53 pièces) de bonne qualité, vous paierez environ cinq euros chez Carrefour, soit le prix d’un filet de cabillaud d’environ 250 grammes. Sur ce kilo, de 60 à 70 % seront constitués de coquilles et finiront donc à la poubelle. Cabillaud ou moules : même prix pour un même poids.

Mais arrêtons là les comparaisons mathématiques qui n’ont rien à faire dans une cuisine. Les moules cuites simplement dans leur jus gonflé d’un bon verre de Touraine blanc, avec céleri vert, carottes, oignons et ail… ça vaut tous les filets de cabillaud du monde ! Ajoutez à cela une portion de frites et une mayonnaise citronnée « trop » (volontairement) moutardée, et vous voilà au sommet du cœur du summum de la gastronomie en mer du Nord. 

Or, tous les bons appétits ont une fin (une fois la faim estompée [parlons peu, parlons belge]). Malheur ! De pauvres petits mollusques sans défense laissent poindre leurs plus belles stries au-delà d’un jus qui refroidit. Mais que vont-elles devenir ? 

À cette question, je vous le dis, il y a une réponse ! Si nous sommes sur la même longueur d’onde, vous aurez pris soin d’ôter l’une des valves de chaque moule (de préférence celle à laquelle la chair n’est pas accrochée) et de les réserver au frais dans un plat filmé, une fois (encore ?!) le repas terminé. Bien joué ! On tient le bon bout !

Au reste, analysez le contenu de vos placards… Il doit bien y avoir une boîte de riz complet, une conserve de thon et un bocal de petits pois ? C’est le cas ? Merveilleux ! La tomate dont vous ne savez que faire, le poivron qui flétrit, la carotte qui ramollit et la courgette entamée, vous les extirpez tout de go de votre frigo, manu militari s’il le faut ! Après, safran, ail, oignons, piment moulu, sel, poivre... je suis persuadé que vous y êtes. 

Cuisez le riz normalement, mais veillez à stopper la cuisson au moins cinq minutes avant terme. Dans une grande poêle (ou mieux : un wok) et un trait d’huile d’olive, faites suer un ou deux oignons (un rouge, un blanc ?) émincé, auxquels vous ajoutez deux gousses d’ail écrasées et hachées. Ensuite, après les avoir épluchés/ mondés, ajoutez carotte, poivron, courgette et tomate coupés en dés. Faites sauter le tout et ajoutez une capsule de safran en poudre et un peu de piment. 

Quand l’ensemble a joliment jauni, incorporez le thon, salez et poivrez. Quand les légumes deviennent tendres, ajoutez le riz ; laissez cuire de cinq à dix minutes (selon la texture du riz). Cinq minutes avant de servir, ponctuez l’ensemble de vos délicats mollusques sortis une dizaine de minutes auparavant du réfrigérateur.

Et voilà une vraie fausse paella dont s’ébaubira tout gourmand armé d’une fourchette… sauf les censeurs, ça va de soi.  



À vous de goûter

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