mardi, octobre 22

[Rond de carotte] Burger de boudin noir aux baies roses et graines de sésame grillées, oignons braisés sur purée fine de pois cassés




C'est bien fortuitement que je pousse à nouveau la porte de cette nouvelle rubrique en bas âge toute fraîche. Une idée, un festin, et puis une addition approximative, juste pour voir... Bonne surprise : on n'atteint, encore une fois, pas les 6 euros pour deux couverts !

Une surprise ? Pas vraiment finalement. On a là un beau conglomérat de produits de pauvre par excellence : des pois cassés secs, une carotte, un oignon blanc, du boudin noir salé... Tous ces produits, même mis bout à bout, ne risquent pas de faire frémir le cuir éprouvé de nos magots portatifs parfois aux abois.

Aux marmites, nulle foulure ni entorse. La purée de pois cassés, c'est une purée classique avec 80 % de pommes de terre en moins, lesquelles sont remplacées par 90 % de pois cassés et 10 % de carottes. Mais je vous laisse calculer tout ceci tranquillement... De l'eau, du bicarbonate de sodium pour un vert qui enlace l'œil et surtout une dose de matière grasse de votre choix pour éviter de transformer irrémédiablement votre tambouille prometteuse en une spécialité islandaise de renom : le geyser. Car ces trois légumes d'apparence tranquille et placide ont l'amidon espiègle et connivent, qu'on se le dise !

Dans le pire des cas, vous pourrez mixer et assaisonner (de sel et de poivre) l'ensemble cuit à point après une demi-heure, une période que vous aurez pris soin d'occuper en récurant avec rage et application votre table de cuisson verdâtre d'écume (hé oui, je vous avais prévenu...) ; les quelques minutes restantes, vous les avez consacrées à la cuisson du boudin et des oignons. Quelle bonne idée ! L'oignon, découpé nonchalamment en rondelles de calibre moyen, est assez vite débarrassé dans une assiette après avoir été rapidement sauté à la poêle dans un peu de matière grasse jusqu'à tendreté.

C'est alors qu'intervint le boudin, lequel soigneusement dénudé de son boyau étroit fut écrasé impitoyablement d'une fourchette ferme et arbitraire. Le boudin émietté gagna alors docilement la poêle vide et encore chauffée qui servit pour la cuisson des oignons. Remuée sans cesse afin qu'elle ne brûle pas, la viande, dont les saveurs furent ainsi concentrées, fut ponctuée d'une cuillère à café (pour deux boudins) de graines de sésame grillées et d'une dizaine de baies roses pilées. Remué de nouveau, l'ensemble put quitter le feu.

On l'a tous bien compris : on est assez loin d'un plat indiscutablement fin et délicat ; l'on eut pu dès lors se contenter d'un dressage classique et subdivisé qui n'eût choqué personne (même pas vous). Il n'empêche qu'on ne se fait jamais suffisamment plaisir à mon sens... Alors jouons peu, jouons bien. Il ne s'agit pas là de faire faire des cabrioles graphiques à votre boudin noir qui s'en trouverait tout confus... Visons (sans les poils, car ça colle aux papilles) une présentation gourmande et nette et tâchons d'amplifier les gargouillis. Un emporte-pièce circulaire large maintenu au centre de l'assiette que l'on garnira de l'ensemble des ingrédients superposés permettra à la fois d'obtenir une surface de purée géométriquement circulaire et un burger bien tassé entouré par-dessus par-dessous de quelques rondelles d'oignons.

Bon, pour conclure, je dois l'avouer : les baies roses et les graines de sésame grillées ne sont pas réellement des marchandises associées à un budget courses restreint. Or, si l'on considère le prix de chacun de ces deux produits (environ 3 euros pour 250 grammes de graines de sésame et 2 euros le petit pot de baies roses sèches) ainsi que les (infimes) quantités nécessaires pour cette recette, la facture parait tout de suite bien dérisoire...

Et puis, comme toujours, qui vous empêche de remplacer, de transgresser ? Céleri rave au lieu de pois cassés, raisins secs et noix pour le burger qui pourrait lui-même être constitué de boudin blanc... Vos idées avant tout. Philosophie dans le boudin noir, comme l'aurait dit un certain marquis en appétit (ou appétence, dans son cas propre...)

À vous de goûter !


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