mercredi, mai 1

[Papilles aux aguets] L'ail des ours

  

Tandis que vous déambulez dans le bois le plus proche à la recherche de la fameuse plante dont le prix au kilo de clochettes pourrait bien avoisiner celui du caviar bélouga, voilà que vous tombez, entre autres, sur un végétal dont les feuilles sont très semblables à celles qu'arbore le fameux emblème onéreux du jour... Curieux et avide d'ajouter un énième brin à votre bouquet, vous vous penchez et fouillez de votre main la touffe en question... Ô désespoir ! l'inflorescence est configurée en ombelle et non en grappe ; il ne s'agit donc pas de muguet. Et pour noircir davantage le tableau, le fleurissement est encore loin d'être abouti.

Tout cela est parfaitement normal. Vous venez de faire la connaissance de l'ail des ours (Allium ursinum, de son petit nom latin) ; les amalgames entre les feuillages sont, au reste, assez fréquents en cette période, étant donné que les deux plantes commencent à pousser plus ou moins au même moment (vers le mois d'avril, lorsque la météo est de la partie), bien que l'ail des ours reste présent dans nos bois jusqu'au mois de juin.

Néanmoins, vous avez certainement, consciemment ou non, détecté une caractéristique majeure qui permet de différencier aisément les deux plantes ; en effet, tandis que vous brassiez le feuillage à la recherche (vaine) d'un brin de muguet, il est très probable qu'une odeur assez prononcée vous soit montée aux narines, un parfum frais et corsé à la fois rappelant tantôt l'ail cultivé, tantôt la ciboulette. L'odeur est le premier marqueur qui vous mettra la puce à l'oreille ; n'hésitez donc pas à titiller les feuilles, voire à en déchirer un petit morceau afin d'en avoir le cœur net (l'expression n'est, du reste, pas anodine, étant donné que toutes les parties d'un plant de muguet sont toxiques et contiennent pour la plupart des substances nocives potentiellement à l'origine de pathologies cardiaques).

Autre repère important si vous souhaitez définitivement écarter le moindre doute : la disposition et la structure du feuillage. Ainsi, si les feuilles du muguet poussent directement depuis la tige centrale du plant, de laquelle elles font partie intégrante, celles de l'ail des ours, en plus d'être constituées d'une hampe individuelle, naissent de la base de la tige centrale et s'écartent assez bien de l'inflorescence. Vous trouverez ici une illustration assez éloquente de la chose. (À noter : la présence du colchique parmi les feuillages exposés ; s'il est vrai qu'une confusion reste possible, celle-ci demeure très rare, étant donné que les deux plantes ne poussent pas à la même période de l'année [le colchique commun pousse en automne dans nos contrées]).

Bien bien... Après toutes ces considérations botaniques, qu'en advient-il de nos papilles ? J'y viens, j'y viens. Le meilleur pour la faim !... Rassurez-vous, je ne vais pas vous proposer une mixture douteuse ou une potion relativement infâme (et pourtant certainement pleine de vertus, d'autant que l'ail des ours peut se targuer de posséder pratiquement toutes les propriétés bénéfiques de son cousin cultivé), que l'imaginaire collectif associe généralement aux plantes sauvages récoltées dans les sous-bois... Non, une fois n'est pas coutume, je vais vous parler cuisine...




Les feuilles d'ail des ours fraîchement cueillies n'ont pas besoin d'être longuement travaillées. À l'instar du basilic, l'ail sauvage pourra ainsi très bien constituer l'élément principal d'un pesto maison. Pour ce faire, les feuilles seront simplement rincées et égouttées, avant d'être sommairement découpées puis déposées dans le bol du mixer avec de l'huile d'olive et de la fleur de sel.






Une dizaine de secondes de mixage plus tard, le petit condiment bien costaud et parfumé est fin prêt. Il serait également envisageable d'y ajouter tomates séchées, pignons de pin grillés et autres idées personnelles ; le sort de votre pesto est entre vos mimines !








Ajouté comme assaisonnement à une salade de concombre, incorporé à une assiette de pâtes fraîches toutes chaudes ou simplement déposé sur un petit toast de pain grillé... Voilà une idée de préparation qui offre un large éventail de possibilités  !

À vous de goûter !



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