samedi, janvier 26

[Papilles aux aguets] Le Faux Gras



En toute bonne foi (sans mauvais jeu de mots…), même en étant parfaitement insensible à la problématique relative au processus d’élaboration du foie gras, il faut avouer que l’idée de développer un produit alternatif doté apparemment de propriétés similaires au produit initial n’était pas une mauvaise idée en soi. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’une telle démarche « militante » est entreprise, sans que cela vienne gêner les consommateurs de l’aliment mis sur la sellette.


Sur papier, ça partait bien… À l’arrivée, c’est hélas beaucoup plus décevant. Avant même de goûter, un simple coup d’œil à la composition du produit suffit à souligner une première aberration : pour environ 3,50 €, vous obtenez en majorité de la levure et de l’eau… Il va sans dire que la simple liste d’ingrédients pourrait rebuter d’emblée, bien que cette petite conserve ne contienne apparemment aucune substance tout droit sortie d’une éprouvette, ce qui se doit d’être salué. Par ailleurs, volontairement ou non, les concepteurs du Faux Gras ont sélectionné des ingrédients qui ne contiennent ni protéine animale, ni gluten, ni lactose ou caséine, ce qui en fait un produit tout à fait indiqué pour certains régimes alimentaires particuliers.


Évidemment, nous sommes des gourmets curieux et courageux qui souhaitons pousser la découverte jusqu’au bout… Voilà pourquoi, comme moi, vous découvrirez, en ôtant l’opercule, cette masse lisse et uniforme dont la malléabilité apparente a permis l’impression des reliefs de l’opercule métallique à la surface du produit (alléchant, n'est-il pas ?). En y plantant une lame, la texture semblerait juste un peu plus molle que du foie gras ; on est plus proche de la mousse que du produit brut ; il est, par ailleurs, difficile de déposer une portion sur du pain sans être amené à la tartiner… 

 En bouche, c’est… comment dire… délicat, mou et légèrement poudreux. On sent que les concepteurs de la recette ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir une finesse de texture optimale, mais la différence reste plus qu’évidente… Quant au goût, loin d’être infect, le produit est tout simplement déroutant… C’est sur ce point précis que toute comparaison avec un véritable foie gras n’a véritablement plus lieu d’être. Un pâté de foie de porc industriel en conserve ordinaire, c’est à peu près tout ce que le Faux Gras me rappelle…


Bien entendu, il serait possible, comme l’indique le mini fascicule accompagnant le produit, d’y ajouter confis d’oignon et/ou lamelles de truffe, mais l’on perdrait alors toute l’objectivité que l’on se réjouit de mettre spontanément en pratique en dégustant le produit initial nature (un foie gras entier mi-cuit, par exemple). En résumé, il aurait pu s’agir d’un pâté végétal tout à fait correct, d’un succédané valable de divers pâtés communs… Or, il semblerait qu’en voulant défendre trop de de causes à la fois (oups...) et en arborant un nom certes aguicheur mais malheureusement assez trompeur, le Faux Gras s’est en fin de compte mué en un faux cri d’alerte, en un faux ersatz de qualité discutable… C’est bien dommage, d’autant que la curiosité qu’il suscite suffira certainement à générer d’autres ventes et donc à maintenir la commercialisation dudit produit, à moins peut-être qu’un produit alternatif militant ne voie le jour...

À vous de goûter !

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