samedi, février 23

[Ce soir...] D'une bolo l'autre



Vous avez, en théorie, dû en connaître au moins une dans votre vie ; sa dégustation a dû vous laisser un souvenir plus ou moins impérissable... Si les pires suintent le ketchup ou la granularité miracolienne, les fumets des meilleures squatteront sans aucun doute votre zone corticale préfrontale pour une bonne éternité au moins.

Modestie, convivialité, fête, bonne franquette... voilà quelques-uns des qualificatifs usuellement associés à la sauce bolognaise, parure ou garniture idéale des lasagnes, penne, cannelloni, spaghetti et tutti quanti... Saveur, puissance, gourmandise, voilà ce que j'ajouterais personnellement au tableau déjà populaire et convaincant, avec, en sus : plaisir, chaleur et, pourquoi pas, romantisme.

Car une vraie bonne bolo, c'est celle qu'on hésite à partager, qu'on garderait bien pour soi, pour une dégustation à quatre, à deux, voire tout seul, en tête-à-tête avec ce festin élémentaire et fourmillant de goûts. Alors, si vous aussi vous ressentez cet égoïsme spontané, cette subite appétence pour l'autarcie gastronomique, ne vous en voulez surtout pas, c'est que vous êtes dans le bon, que le Graal n'est pas bien loin, si vous ne le détenez pas déjà...

Ma sauce à moi, elle n'est ni supérieure ni plus raffinée qu'une autre... Du bœuf haché bien saisi et épicé ajouté à des légumes et condiments (carotte, céleri, oignon, ail) émincés et sautés à l'huile d'olive, des herbes (basilic, origan, thym, romarin) à gogo, un peu de tomate fraîche ou en conserve (sans en abuser, au risque de rendre la sauce trop liquide et de noyer définitivement la viande pourtant soigneusement apprêtée). À feu très doux, l'ensemble mijote pendant une belle heure et demi, histoire de conjuguer définitivement les nombreuses saveurs de ce petit monde qui frémit à son aise...

Au moment clé, ce costaud ragoût pourra, par exemple, être associé à l'assemblage Syrah-Malbec sud-africain Whale POD (disponible chez Delhaize à +- 9€ la bouteille). Le choix est certes peu habituel pour un tel plat ; mais la finale épicée du breuvage, qui m'a personnellement rappelé un bocal de tranches de poivrons rouges grillés marinées, m'a fait instantanément oublier Chianti, Montepulciano d'Abruzzo et autres soi-disant indétrônables dans cette discipline...

Aussi, mets populaire n'est pas malbouffe, qu'on se le dise... Foie gras, truffe, et j'en passe, ne sont pas les seuls produits qui méritent le respect, tant s'en faut. La succulence peut tout simplement se nicher dans la passion que l'on investit à la préparation d'un repas humblement destiné à faire saliver, sinon les clientèles de quatre étoiles, en tout cas les familles, les couples et autres gourmets authentiques. Alors, même si ce plat ne ressemble qu'à vos propres envies, sans que celles-ci ne se conforment absolument aux éléments de la recette ancestrale italienne, mordez-y donc à pleines dents sans trop méditer ; n'allez pas vous gâcher l'appétit !

À vous de goûter !

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