jeudi, novembre 7

[Je tente donc je mange] Filet de saumon sauvage, stoemp acidulé au chou rouge et baies roses, fenouil poêlé à l'aneth



Il y a les hasards qu'on déplore, qu'on redoute, et puis il y a les coïncidences qu'on force. Si la présente préparation n'atteindra sans doute jamais la notoriété encyclopédique de l'illustre bourde des sœurs Tatin ni du mélange blanchâtre peu ragoûtant confectionné à l'autre bout de la ligne du Temps par quelque flemmard loufoque et désinvolte avec ce qu'il restait de farine, d'eau et de sel dans sa petite bicoque même pas équipée d'un four (!), je me permets néanmoins de la mentionner sur ce blog qui est le mien, car sa dégustation m'a semblé bien moins pire (et même bien plus agréable) que d'autres spécialités culinaires sorties de nulle part et pourtant devenues cultes.

Point d'exotisme, on reste dans le terroir sans fioritures. Au lieu du très commun et néanmoins délicieux chou rouge aux pommes que tout foyer qui se respecte se met à fomenter dès les premières brumes de l'heure d'hiver, pourquoi ne pas emprisonner toutes les belles saveurs dégagées et perdues au fond de la casserole dans une bonne purée des familles ?

Le modus operandi n'est pas bien décoiffant : un quartier de chou rouge débité en petits morceaux que l'on cuira à la casserole dans un peu de matière grasse ; après quelques minutes, on ajoutera un bon trait de vinaigre blanc ou de vinaigre de vin blanc (pour ceux qui aiment - moi j'aime ! - sinon du jus de citron devrait faire l'affaire). Quelques minutes plus tard, sel, poivre et, si le chou vous semble sec, une nouvelle petite dose de vinaigre ou d'eau (si l'acidité vous lasse) viendront peaufiner l'assaisonnement. Dès que le chou cède facilement sous la dent, le contenu de la casserole peut gagner les bras tendus de la belle purée maison bien chaude que vous aurez préparée tandis que votre chou chantonnait. À force d’œuf (comptons un par mangeur) de poivre noir moulu, de muscade râpée et d'un vigoureux mélange à la cuillère, on obtient un bel ensemble onctueux rose-mauve et hétérogène (comme tout bon stoemp qui se respecte) que l'on parsèmera volontiers de quelques baies roses concassées, tant pour l'œil que pour les papilles.

Pour un peu de fraîcheur, un morceau de fenouil débité en tranches fines sera poêlé rapidement à feu vif dans un filet d'huile d'olive neutre. Une pincée de fleur de sel, de l'aneth hachée, et c'est dressé. Qui dit stoemp dit ? Saucisse !... Andouille !... Toi-même ! Nous parlions création, alors osons : un petit filet de saumon sauvage poêlé sera l'allié inattendu idéal de ces végétaux déjà cuisinés et prêts à dresser.

Voilà une idée parmi d'autres si vous êtes de ceux qui, en ouvrant leur réfrigérateur, regardent avec une mine de plus en plus basse l'éternelle portion de chou coloré excédentaire que l'on ne souhaite plus mijoter des heures ni déguster cru. Rien de plus rien de moins.

À vous de goûter !

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