mardi, novembre 5

[Rond de carotte] Sardines à la tomate et au romarin sur polenta onctueuse à l'huile d'olive




La Grande quoi ?! Le Maréchal qui ?! C'est loin tout ça ! Près de cent ans, et pas toutes leurs dents... Elle viendra vite l'époque où notre progéniture 2.0 (précisément celle née une poignée d'années après MZ ; comprenez Mark Zuckerberg) ne distinguera plus de leur œil bouffi de dédain la triste et vorace guerre de tranchées de la bataille de Waterloo ; boarf, un conflit c'est un conflit, quoi ! À leur décharge, boucherie pour boucherie, si le devoir de mémoire ne poussait pas parfois à l'abolition d'une bonne once de connerie, il est évident que l'oubli du sang et des bombes se révélerait être la voie la plus évidente et la plus confortable.

Mais nous n'y sommes pas encore. Tandis que le dernier Poilu quitte le monde qui l'a vu naître et les champs de bataille où il tua jadis bien contractuellement son prochain, il nous laisse son barda, sa cantine, et, dans celle-ci, une ration comme on n'en fait plus... D'aucuns diront « tant mieux », tant les matériaux utilisés pour contenir les aliments transportés, en plus d'être dotés d'une robustesse à toute épreuve, pouvaient se targuer d'afficher une toxicité paroxystique devant laquelle nos frêles boyaux sophistiqués et lisses d'aujourd'hui déclareraient forfait et agonie.

Attachons-nous plutôt au contenu. Si pinard, bidoche et fromdu étaient sans conteste les piliers de la pitance à transbahuter, ils étaient bien souvent indissociables d'une denrée millénaire et indétrônable qui, en fin de compte, peut être considérée comme la moins nocive du lot. J'ai nommé : la bien huilée sardine.

Horizontal et docile, le filet de sardine continue de garder une place de choix parmi les nombreuses conserves de poisson, parfois trop exotiques pour être honnêtes. Mais attention : au naturel ou à l'huile, il nous faudra débourser quelques piécettes de moins pour espérer obtenir tout ce qu'il y a de meilleur et de plus omégatroisisé : les arêtes et la peau.

Et c'est à cet endroit précis que s'arrête l'action du Poilu, lequel, après avoir ouvert ladite boîte de conserve, ne dispose que d'un instant pour en engouffrer le contenu dans sa gueule (pas encore cassée) et pour en éponger l'huile résiduelle d'un quignon de pain rassis à point.

Soyons modernes certes, mais gardons la raison : bien qu'il s'agisse d'un produit respectable (n'oublions pas que le Sar dîne à l'huile), le petit poisson gras ne substituera jamais nos charmants saumons fumés tout roses et réguliers. En revanche, sa chair tendre et son goût neutre nous permettront de l'apprêter de bien des manières. Point de raffinement, mais du goût et du respect : une polenta classique à l'onctuosité optimisée par quelques traits d'huile d'olive extra-vierge, une sauce tomate au romarin dans laquelle auront été déposées les sardines découpées en tronçons cinq minutes avant de servir... Une pincée de fleur de sel, et voilà un plat que les soldats de cent ans n'ont pas pu connaître...

À vous de goûter !


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